Gatineau : Le rap est dans' tête
Musique

Gatineau : Le rap est dans’ tête

Reconnu à ses débuts pour sa fougue explosive, le MC de Gatineau, Séba, s’est peut-être adouci en apparence, mais n’a vraiment rien perdu de sa franchise et de son mordant.

S’il y a un qualificatif qui se prête bien au second opus de Gatineau, c’est bien le terme déstabilisant. À contre-courant de ce à quoi la formation nous avait habitués, Karaoké King démontre un véritable exercice de style. À cet effet, l’imprévisible MC Séba passe du mode monosyllabique à une réponse à développement. "Au début, c’était un choix. On voulait que ce soit plus dansant. Il y avait une couple de textes qui étaient rentre-dedans, juste pour continuer à faire chier le monde, mais en même temps, on voulait avoir des textes plus simples et plus compréhensibles. Il y avait aussi des beats qui étaient beaucoup plus agressifs et, à force de travailler dessus, ils ont fini par être moins abrasifs. Ça aurait pu être plus violent, man."

Ayant opté pour "la main de fer dans un gant de velours" quant au discours de Karaoké King, Séba a rapidement constaté que le public ainsi que la critique n’avaient pas tout à fait saisi cette nuance stylistique. La pratique est peu commune, mais Séba a alors pris position auprès d’eux afin de mettre cartes sur table. "Il y a toujours des concepts derrière mes affaires. Tout se tient. De la première phrase du disque jusqu’à la dernière, c’est toujours une question d’album-concept dans ma tête. Donc quand quelqu’un écrit une critique après l’avoir écouté une fois ou deux dans le même après-midi, j’ai envie de donner mon point de vue. Je ne demande pas aux gens de dire s’il est bon ou pas bon. Dans ce cas-là, je tenais à faire savoir que MC Brutalll était beaucoup plus présent qu’on le pensait et que c’était peut-être difficile à saisir car il l’était dans un contexte plus glam."

Séba ne s’en cache pas, la réception de Karaoké King aura été plutôt tiède. Avouant sans amertume être passé à autre chose, le MC raconte humblement que le départ de Domhamelll aura eu un grand impact au sein de Gatineau. Toutefois, un troisième album est déjà en gestation et Séba a, selon ses dires, retrouvé ses aises en tant que rappeur. Le cheminement amorcé entre les deux premiers disques commence à porter fruit. "J’ai essayé de vivre au moins un an sans écrire. J’ai voulu vivre ça une fois dans ma vie. Ça me tentait de revenir à moi-même. J’ai beaucoup changé. J’ai commencé à faire de la méditation et à surveiller mon alimentation. J’ai arrêté de boire. Il a fallu que je me redéfinisse moi-même. Ça peut poser un problème sur le plan créatif car, à la différence d’un chanteur pop qui peut faire des chansons à propos de n’importe quoi, quand tu fais du rap, les textes partent toujours de toi, c’est important que tu apprennes à te connaître afin de savoir ce que tu représentes et ce que tu veux dire."

Et si ce n’était que le calme avant la prochaine tempête brutale? Probablement que oui.

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