Karina Gauvin : Karina, au sommet
Musique

Karina Gauvin : Karina, au sommet

La carrière de Karina Gauvin est portée par un rythme de croisière surprenant et l’Europe semble lui ouvrir toutes grandes ses portes. Avec Marie-Nicole Lemieux, elle trône maintenant au sommet des étoiles baroques.

La soprano Karina Gauvin se montre modeste lorsqu’on aborde avec elle le succès récolté par son disque consacré au compositeur Nicola Porpora, réalisé en compagnie de l’ensemble baroque Il Complesso Barocco et du chef d’orchestre Alan Curtis. Le même compositeur qui se retrouve au coeur du programme qu’elle interprétera en compagnie de Bernard Labadie et des Violons du Roy. Non seulement le répertoire de ce compositeur napolitain, à la croisée du baroque et du classique, est sorti de l’oubli, mais l’interprète s’est démarquée de la mezzo-soprano Cecilia Bartoli qui, elle aussi, consacrait un disque à ce compositeur la même année, en 2009. À tort ou à raison, ce concours de circonstances a forcé les critiques européens à faire le jeu des comparaisons, exercice que Gauvin a remporté haut la main.

"Beaucoup de gens ont été surpris par cette sortie simultanée, moi la première, indique-t-elle. Mais chaque artiste apporte sa propre lumière sur une oeuvre. Cecilia Bartoli est une femme qui connaît une carrière extraordinaire, personne ne pourrait nier ça. Sa production a autant de valeur que la mienne et ça devrait réjouir le public d’avoir ainsi deux regards distincts sur une même oeuvre. Il ne faut surtout pas voir une forme de compétition là-dedans."

Alan Curtis n’est sans doute pas étranger au succès récolté par cette production. Le chef d’orchestre anglais, claveciniste et musicologue, est une sommité en ce qui concerne l’art musical baroque, et l’interprète souligne ce fait avec admiration. "Il a maintenant 76 ans et on constate qu’il a une connaissance exceptionnelle du répertoire. Il a passé sa vie à faire des recherches. C’est une référence en ce qui concerne l’art du drame musical baroque ou le théâtre en musique; le travail de Monteverdi, par exemple, auquel il a consacré une grande partie de sa carrière. Et, bien sûr, les oratorios de Haendel. Dès qu’on a la chance de travailler avec quelqu’un comme lui, on en redemande!"

Les arias d’Haendel ont d’ailleurs été le centre d’intérêt d’une autre rencontre discographique avec le chef anglais. Sur ce disque intitulé Streams of Pleasure, on retrouve la soprano aux côtés de la contralto Marie-Nicole Lemieux, une complice inespérée. "Nous nous sommes rencontrées à plusieurs reprises avec Les Violons du Roy et en Europe. Chaque fois, nous étions surprises de constater à quel point nos deux registres peuvent s’épouser avec autant de naturel."

On peut conclure que les deux interprètes québécoises sont maintenant des favorites d’Alan Curtis, un fait qui s’explique aussi par la présence mystérieuse de l’écrivaine anglaise Donna Leon, une mélomane passionnée par Haendel. "C’est une grande amie d’Alan Curtis et, au fil des ans, elle est devenue mécène. Dès qu’un projet d’Alan concerne Haendel, on la retrouve à ses côtés. La production discographique d’un opéra coûte très cher et, sans son aide, ce serait impossible. On pourrait dire que c’est une marraine passionnée."

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Patricia Petibon, Hélène Guillemette, Christine Schäfer