D.O.A. : Pink punk
Musique

D.O.A. : Pink punk

Joe Keithley, leader et pilier de la légendaire formation punk-rock D.O.A., nous dévoile sa vision inspirante du monde.

"On a joué avant au Québec, mais toujours à Montréal et à Québec, nous raconte le leader de D.O.A., Joe Keithley. Chaque show est différent et on s’éclate immanquablement. On peut s’attendre à n’importe quoi, mais il y a certains éléments qui sont immuables: le fun, l’humour, l’humeur, la politique et surtout la musique la plus forte que t’as jamais entendue. Faut que ça saute, faut que les gens puissent se défouler dans la vie, et moi, c’est mon travail de les aider à lâcher leur fou. Même si depuis les attentats de 2001, je ne peux plus apporter ma chainsaw dans mes bagages, ça va être malade!"

Après plus de 15 albums studio en carrière avec D.O.A., Joe Keithley vient de faire paraître un livre du même titre que le dernier album, Talk-Action=0. C’est une idéologie que le groupe entretient depuis longtemps, car un album live du même nom était paru en 1991. "Je n’ai pas changé de discours au fil du temps, parce qu’il est encore actuel. Quand j’ai commencé à faire de la musique, on s’indignait contre la guerre, le racisme, le sexisme, l’exclusion, la lutte entre les classes, le non-respect. Toutes ces choses sont encore des problèmes dans notre société, souvent encore pires qu’elles étaient. Alors je dois continuer à livrer mon message. Sois ton propre patron. Pense par toi-même. Si tu ne fais rien pour changer les choses que tu n’aimes pas autour de toi, ça va rester comme c’est! Je crois au pouvoir de l’individu, je crois au pouvoir collectif. Je vais toujours me tenir debout pour plus vulnérable ou plus faible que moi."

Avant tout, Joe Keithley est un être extrêmement cultivé, et amoureux de l’être humain. "Ça doit sembler étrange venant de la bouche d’un vieux punk, mais j’aime les autres. Je suis bien découragé de voir les gens haïr le gouvernement, être en désaccord avec lui sur la plupart des sujets. Ils ne comprennent pas que ce n’est pas le gouvernement qui a le vrai pouvoir, mais eux-mêmes. Le changement, ça commence par soi-même. Puis en parlant avec d’autres, en tissant des liens dans son propre quartier. Les gens ne semblent pas conscients qu’ils peuvent se lever et changer le monde. La montée de la droite partout dans le monde le prouve. Depuis toujours, l’histoire a fait la révolution de la même façon: quand les gens n’en peuvent plus, quand ils ont eu assez de bullshit. Ici, on vit dans une société civilisée. Mais surtout, on se débrouille bien sur le plan de l’économie. Et c’est ça qui empêche les gens d’agir même s’ils en ont assez. Ils se sentent en sécurité. Dans un pays où l’économie s’écroule, plus rien ne tient la route. Pour survivre, les gens prennent le pouvoir, ou ce qu’ils peuvent de pouvoir. Et alors, quand on voit des tonnes de gens dans la rue, on se dit que ça pourrait nous arriver, un jour, à nous aussi."

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