Adam György : Gare au prodige
Musique

Adam György : Gare au prodige

Adam György et Franz Liszt. Les deux sont des virtuoses hongrois du piano. Le premier rendant hommage au second, préparez-vous pour l’événement classique de la saison.

"La musique est un langage universel. Quand je voyage pour des concerts, je suis en mission. Je souligne nos similarités."

Par ce vaste plan de communication, Adam György pourrait mériter le titre de Casque bleu de la musique, mais le jeune pianiste hongrois n’a pas besoin d’une autre étiquette. Déjà, on le dit prodigieux, on affirme qu’il est "l’étoile montante de la musique classique". Mais à l’autre bout du fil, sa bonne humeur témoigne d’une humilité qui permet de croire au succès de son internationale mission.

Dur à porter, le statut de prodige? "La véritable pression, c’est celle qu’on s’impose à soi-même. Il faut faire fi des attentes, ça laisse une plus grande liberté. Jouer de la musique relève du don de soi. Et c’est au public de décider s’il apprécie ou non. On en revient à cette idée de communication, d’échange."

Souvent comparé à son compatriote Franz Liszt, il revenait à Adam György de souligner le 200e anniversaire de naissance du disparu par un digne récital. "Il avait un tel charisme! Liszt était une véritable rock star, le Michael Jackson de son époque. Et il était charmant. Le public pouvait se reconnaître en lui. Il a été le premier à jouer des récitals de piano, à en faire des événements."

Au programme de cette précieuse soirée de fête: Rigoletto Paraphrase, La Campanella, Rhapsodie hongroise no 2 et la fameuse Sonate en si mineur. "J’aime jouer la Sonate en début de concert; plusieurs la gardent pour la fin. Elle raconte une telle épopée! Ça permet de mieux comprendre d’où il vient. Et quand je joue Liszt, j’ai l’impression qu’il s’agit de mon genre d’histoires. Il parle de la vie, de notre naissance cellulaire jusqu’à notre mort où l’on redevient poussière, et dit qu’entre les deux, on avance à petits pas."

Mais György est un gentleman qui aime tricher un peu… Dans son concert au Théâtre Centennial – une exclusivité québécoise -, le pianiste glissera une ballade de Chopin. Juste comme ça, pour le plaisir. "Liszt et Chopin sont mes deux compositeurs préférés. Je crois qu’il faut être amoureux de son répertoire. Découvrir une pièce, c’est comme un rendez-vous galant. Lorsque je parcours les notes, je peux commencer à voir si j’aime l’oeuvre, et vice-versa. Ensuite, la relation se développe, et plus on s’aime, plus on se fréquente souvent! Jouer une pièce sur scène, c’est rendre la relation officielle."

On en comprend que le pianiste est heureux en ménage.

CLUB SÉLECT

En 2005, Adam György recevait une prestigieuse "carte de membre", soit celle de la communauté artistique Steinway, sorte de club sélect des meilleurs pianistes internationaux. Si les membres de cette confrérie organisaient des réunions secrètes, il n’y aurait que 15 sièges autour de la table! "Il y a des moments clés dans une carrière, mais le plus important est de ne jamais oublier d’où l’on vient, et où on désire aller. C’est le chemin qui importe." Humble, n’est-ce pas?

D’autant plus que ce chemin l’a mené au Carnegie Hall de New York à quelques reprises. Quels souvenirs garde-t-il de ses passages dans cette mythique salle de concert? "Il y a plein de belles salles dans le monde, mais le Carnegie Hall demeure l’une de celles qui font rêver les musiciens. Je me souviens de la pensée qui m’obsédait la dernière fois que j’ai marché sur la scène. Je surveillais tous mes pas, car tu ne veux pas tomber au Carnegie Hall! [Rires.] Et j’ai regardé la première rangée pour ensuite parcourir les autres du regard. Ça n’avait pas de fin! J’ai la chair de poule juste à y penser. J’ai hâte d’y retourner!"

Sherbrooke, ce n’est pas New York, mais le prodige peut revenir aussi souvent qu’il le souhaite!