Metronomy : Vaincre le métronome
The English Riviera de Metronomy est à ce jour le plus sérieux candidat au titre de l’album anglophone de l’année 2011. Voilà qui tombe à point, le groupe se produit cette semaine à la SAT.
Comparé à LCD Soundsystem ou Cut Copy pour les brûlots électro dansants de ses deux premiers disques et ses nombreux remixes (Gorillaz, Lady Gaga, Franz Ferdinand), la formation anglaise Metronomy a supplanté ses contemporains avec son nouveau disque, The English Riviera. Le groupe y ralentit le tempo, s’oriente vers un son plus organique, mais ne perd jamais de vue ce qui l’a mis sur la map: l’utilisation de groove assassins et de mélodies pop dont l’effet magnifie le quotidien.
Paru au printemps, l’album s’est imposé dans le lecteur. Un magnifique disque d’été, avec bruits de vagues et cris de goélands en ouverture, mais si habilement ficelé qu’il rythmera tout autant la chute des feuilles que celles des premiers flocons. Candidat au disque de l’année? Assurément. Impossible de résister à ses lignes de basses funky et ses nappes de synthétiseurs analogues (Juno 60, Yamaha CS80, Mini Moog).
Le bassiste Gbenga Adelakan le confirme, l’époque où le projet était le véhicule seul du chanteur et principal compositeur Joseph Mount est révolue. Metronomy est aujourd’hui un groupe pop à part entière. "Au départ, Joseph travaillait seul avec son ordinateur. C’est comme ça qu’il a produit le premier disque (Pip Paine (Pay the £5000 You Owe) paru en 2006). Mais graduellement, pour les besoins des concerts, d’autres membres se sont greffés à Metronomy. Pendant longtemps, Joseph était accompagné de deux musiciens, mais il n’y avait pas de batteur. C’est lorsqu’Anna Prior a rejoint Metronomy à la batterie que nous sommes devenus un vrai groupe. Soudainement, nous étions assez sur scène pour reproduire les pièces de Nights Out (lancé en 2008) sans utiliser de piste préenregistrée."
Les 18 mois que Metronomy a ensuite passés sur la route en formule quatuor ont radicalement influencé la production d’English Riviera. Non seulement la formation s’est créé une nouvelle chimie, mais elle a compris au fil des concerts que les hymnes explosifs de Nights Out (Heartbreaker, Radio Ladio) pouvaient faire place à plus de diversité. "Nous voulions un concert plus équilibré, alors l’idée d’introduire de nouvelles pièces plus atmosphériques faisait son chemin. Et au moment de composer, Joseph avait toujours ce concept en tête: accoucher de nouvelles chansons contrastées qui s’intègreraient bien au spectacle."
Dans la foulée, Metronomy s’est éloigné des sonorités synthétiques des années 80 pour emprunter à l’esprit plus soixandisard des Fleetwood Mac et Stevie Wonder. "Nous écoutions aussi beaucoup de Steely Dan, d’Herbie Hancock et de Chick Corea dans les mois qui ont précédé l’enregistrement d’English Riviera", sur lequel jouent également Roxanne Clifford (Veronica Falls) et Gabriel Stebbing (ex-membre de Metronomy).
"C’est Joseph qui apportait ces disques en tournée. En fait, ce sont des artistes qu’il écoutait depuis toujours, mais nous l’ignorions. Il n’en parlait pas en entrevue, peut-être parce que ce sont des références trop populaires pour être citées par un artiste underground. Reste que ce sont des disques extrêmement bien produits et enregistrés dans les meilleurs studios du monde. Je crois que notre album, autant dans sa composition que dans ses sonorités, a grandement été influencé par ses écoutes."