Plume Latraverse : Époque épique
Bien de l’eau et de la bière ont coulé sous les ponts, mais même après plus de 40 ans dans le paysage musical, Plume Latraverse a toujours sa place dans le décor.
"L’idée de cette tournée rock’n’roll, c’était de souligner les 40 ans de mon premier groupe, La Sainte-Trinité, et les 30 ans des Mauvais Compagnons, nous raconte Plume Latraverse avec le détachement légendaire qu’on lui connaît. J’ai plongé direct entre ces deux époques-là, car ça m’apparaissait comme un moment charnière complètement capoté."
Après toutes ces années de galère, on se permet d’être surpris que Plume ait toujours l’énergie de rocker. Au dire du principal intéressé, le secret réside dans l’entraînement. "Écoute, on a ça dans le sang. J’ai eu mes périodes chansonnier et quand j’ai commencé, je m’intéressais à ça. Je jouais aussi avec des orchestres dans des salles de danse de l’époque. J’ai toujours gardé les deux aspects de la chanson. Le côté un peu cérébral et le côté viscéral. Mais c’est le fun de faire une tournée comme ça parce que je suis encore capable de le faire. Mais c’est sûr que le temps me regagne petit à petit."
En 1971, alors que Plume lançait Triniterre, un album devenu depuis un objet de collection, le paysage musical avait tout du Far West. Celui qui s’est aussi frotté au monde de la littérature au cours des années 90 s’amuse à nous brosser le tableau des origines de la scène underground québécoise: "Ça a beaucoup changé, le showbiz, depuis l’époque où j’ai commencé. C’était pas encore inventé comme tel; on en voyait les premiers soubresauts. Il n’y avait rien de vraiment coulé dans le béton. Il n’y avait pas de compagnies de disques qui pouvaient te propulser. On s’est attachés à une base et on a inventé en quelque sorte ce métier-là."
Et maintenant, si tout était à recommencer, Plume se lancerait-il à nouveau dans cette folle aventure? "Je suppose qu’on est chacun de son époque. Je suis ben content d’en avoir une bonne partie derrière moi. Je ne me verrais pas débuter aujourd’hui. Autrefois, il y avait un seul humoriste: Yvon Deschamps. Aujourd’hui, je ne sais pas combien de milliers il y en a. C’est la même affaire pour les comédiens. À quelque part, est-ce qu’il va rester assez de gens pour être spectateurs?"
En 1971, nous n’avions qu’un Plume. Quarante ans plus tard, c’est toujours le cas. Les choses ne changent pas tant que ça, dans le fond.