The Field : Boucles d’or
Axel Willner tire un peu de beauté des cercles vicieux sur le plus récent album de son projet The Field.
Il arrive que la pensée rejoigne la méthode. C’est ce qui est arrivé au Suédois Axel Willner au moment de pondre le plus récent opus de son projet The Field, Looping State of Mind, un titre qu’on croirait d’abord être une référence à sa signature sonore, basée sur de brèves boucles d’échantillonnages agencées en mélodies langoureuses. "Il y a un peu de ça", signale Willner, depuis son appartement du charmant quartier Neu Köln, à Berlin (qu’il préfère à son Stockholm natal pour sa plus grande ouverture d’esprit). "Mais c’est surtout inspiré par ces cercles vicieux dans lesquels on se retrouve lorsqu’on ne peut s’ôter certaines pensées de la tête. C’était mon cas, au moment de faire ce disque. J’ai réalisé que ça décrivait également ma musique… Le titre était tout indiqué."
Ce n’est pas ainsi, cela dit, que Willner a trouvé sa touche particulière (qui s’apparente un peu à celle qu’emploie le trio Miike Snow sur son hit Animal, quoique sur un mode plus expérimental). "Je m’amusais avec des logiciels et je m’intéressais beaucoup à l’électronique découpée, aux microsamples. Je voulais faire quelque chose dans le genre et c’est ainsi que j’ai trouvé mon propre style", se remémore-t-il.
Méconnaissables au final, les pièces qu’il échantillonne viennent de tous les horizons. À la fin de From Here We Go Sublime (2007), son premier album, on peut finalement en reconnaître une lorsque Willner laisse dérouler une boucle de la pièce Sun and Ice pour dévoiler… Hello de Lionel Richie! "Celle-là est probablement la plus connue des pièces que j’ai échantillonnées, ricane le beatmaker. Je choisis d’habitude des pièces avec lesquelles j’ai une relation particulière, d’une manière ou d’une autre. Ça peut venir de tous les genres de musique, mais ça prend invariablement beaucoup d’essais et d’erreurs", explique le musicien, qui dit surtout consommer ces temps-ci "de la vieille musique allemande des années 70".
Après avoir conçu son premier album en solo, Willner a élargi The Field à un trio, incluant un batteur et un multi-instrumentiste, et dit surfer depuis sur une vague créative. "Ça fait une assez grosse différence", témoigne celui dont les premières expériences de scène étaient dans des groupes punk, à l’adolescence. "On ne sait jamais jusqu’où ça peut aller. Plein de choses peuvent survenir quand la créativité des autres est impliquée aussi."