Alain Chartrand : Chante-la ta chanson
Musique

Alain Chartrand : Chante-la ta chanson

Le festival Coup de coeur francophone célèbre son 25e anniversaire la tête froide.

Il y a 25 ans, Alain Chartrand troquait un genre d’écosystème contre un autre. Biologiste de jour, collaborateur à la revue Chansons d’aujourd’hui (ensuite devenue Chansons) de soir, il deviendrait directeur général et artistique de Coup de coeur francophone à la suite d’une rencontre à la Brasserie Lasalle (deuxième table à droite) avec ses trois autres cofondateurs. « On était en 86. C’est Pierre Larivière de la maison de la culture qui nous a invités, François Blain, Laurent Legault et moi. Il n’y avait pas de festival de chanson francophone à Montréal. Il nous a dit: « Dans vos articles, vous vous intéressez à la chanson dans le même esprit que nous organisons des concerts. Et si on les présentait, ces artistes-là, sur scène? » » se souvient celui qui agit aussi aujourd’hui comme président de l’Association des réseaux d’événements artistiques (AREA), la plus grosse association de diffuseurs francophones au monde.

« Il faut se souvenir qu’au milieu des années 80, ce n’était pas évident de chanter en français au Québec. Il y a eu commotion quand le groupe Madame a fait toute sa prestation en français au concours l’Empire des futures stars. » À l’automne 1987, Coup de coeur francophone prendrait son envol avec quatre concerts gratuits au Cégep Maisonneuve.

Un quart de siècle plus tard, Chartrand considère la chanson francophone et son milieu comme un habitat toujours fragile, mais bien implanté et solidement défendu: Coup de coeur présente 200 concerts dans 36 villes, virage pancanadien survenu au milieu des années 90 malgré une équipe modeste (quatre personnes). « On a fait le premier Coup de coeur en Acadie en 92, à Toronto en 94, mais on a pris 95 comme date de création parce que c’est à ce moment qu’on s’est assis avec tous les organismes responsables de la diffusion de la chanson au Canada et qu’on s’est donné comme mission de couvrir tous les territoires », explique Chartrand.

Forcément, sur 25 ans, les bons souvenirs ne manquent pas. « Bashung en 1995 au Cégep Maisonneuve… Quand tous les musiciens sont sortis de scène et qu’il est demeuré seul avec le claviériste pour Madame rêve… J’ai cette image gravée », se souvient le cofondateur. « M partageant une soirée avec Jorane, qui commençait sa carrière, au Lion d’or; ou Desjardins, en 89… Il jouait en première partie d’Isabelle Mayereau. Elle doit s’en souvenir encore tellement les gens n’étaient plus là pour elle après! » Parmi les bons moments à venir cette année, il présage le concert d’ouverture du 3 novembre au Club Soda avec Luc De Larochellière, Élage Diouf, Alecka et autres, le concert de clôture Danse Lhasa danse, en hommage à la regrettée chanteuse, mais il doit être interrompu avant d’énumérer tout le programme.

Si les enjeux demeurent les mêmes, le paysage de la musique francophone a bien changé, selon Chartrand. « Il y a 25 ans, on était plus dans une logique de radiodiffusion, où quelques stations décidaient de l’ensemble de ce que les gens écoutaient. Depuis, les choses ont changé en termes de façons de consommer de la musique, avec de bons côtés et de moins bons. Ça a permis à différentes scènes d’aller chercher leur tribu. Maintenant, c’est assez morcelé. Après, il y a évidemment tout le profil démographique qui a changé et qui a eu ses influences sur la musique… Des artistes venus d’ailleurs se sont installés ici et ont amené des musiques du monde qui étaient beaucoup moins présentes il y a 25 ans. »

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