Alfa Rococo : Pop le malheur
Alfa Rococo accumule les hits accrocheurs et travaille sa pop avec soin. Son deuxième album Chasser le malheur nous confirme la discipline d’un groupe en quête de l’équilibre parfait.
Le duo Alfa Rococo tenait à faire les choses à sa façon lors de la conception du disque Chasser le malheur. Après une longue tournée pour Lever l’ancre, Justine Laberge et David Bussières ont pris le temps de travailler à l’abri de toute distraction dans leur studio maison afin de réfléchir au fil conducteur de ce deuxième album. "Faire de la pop peut paraître simple, mais ça implique beaucoup de choses, constate David Bussières. Il faut trouver une petite twist, un petit hook qui va donner une couleur particulière. Tu dois te distinguer du lot. Ce que j’aime lorsque j’écoute de la pop britannique ou américaine, ce sont justement ces petits détails dans les sonorités ou les structures des chansons. On écoutait beaucoup le groupe français Phoenix au moment d’écrire cet album. Ce qu’il fait est très pop et accessible, mais le traitement sonore est original. C’est là que tu constates qu’il y a quand même une recherche musicale qui s’impose."
David Bussières ne s’en cache pas, le véhicule sonore d’Alfa Rococo est déterminé et la discipline de création du duo s’applique dans un cadre bien précis. Après avoir complété l’ensemble des nouvelles chansons, il ne restait plus qu’à trouver un réalisateur de prédilection. Cristobal Tapia de Veer était la personne toute désignée. "Les guitares et les claviers étaient déjà enregistrés avant qu’on entre en studio. Le fil conducteur se dessinait. Faire un album, c’est aussi choisir un vocabulaire musical; c’est comme en littérature. Avec le temps, il s’enrichit, et un réalisateur peut te permettre d’avoir une vision précise de ce qui fait ta force. Avec Cristo, c’est facile: il est volontaire et très ouvert. Et lorsque tu as une certaine intimité en studio, tu es capable de laisser tomber les barrières et de poser les vraies questions. Dans ces conditions, tu peux être assuré que le réalisateur ira dans la même direction que toi."
Les singles s’accumulent et Météore (dont la ligne vocale s’imprime dans notre cerveau) tourne à souhait. Pas de doute, le duo a le don pour la formule accrocheuse, mais il se permet aussi quelques incartades, comme en témoigne la pièce Rêve américain. "On l’aime bien, celle-là. Elle a une structure moins conventionnelle, on sort de notre zone de confort. Elle est géniale pour le live, car on peut se permettre de la conclure avec un truc instrumental plus électro. C’est du dance rock!"