Malajube : Comme un funambule
Malajube flirte maintenant avec la pop lumineuse, mais le volume est toujours au maximum. Avec un Félix en poche pour l’album La caverne, le groupe continue de dompter la scène.
On revient souvent sur le virage pop que Malajube a opéré en réalisant l’album La caverne. Il faut dire que Labyrinthes, qui le précède, nous avait pris par surprise à l’époque. Ponctué par des montées progressives percutantes, cet album dense tranchait avec Trompe-l’oeil et rivalisait d’audace. "On a composé Labyrinthes en faisant une succession de jams, se rappelle le guitariste et chanteur Julien Mineau. Ce n’était pas compliqué. Ce n’est qu’après qu’on s’est rendu compte que les pistes s’étaient multipliées. Là, ça devenait un défi juste d’essayer de penser comment interpréter cet album sur scène. Pour La caverne, la plupart des pièces étaient déjà prêtes avant même qu’on entre en studio. C’est pop, c’est vrai. La pièce Ibuprofène est sans doute la plus conventionnelle qu’on ait jamais enregistrée, et ce n’est pas notre préférée non plus. Mais parfois, on peut se permettre de décrocher un peu et de cesser de vouloir être nouveau et original à tout prix."
Pop, peut-être, mais Malajube ne démord pas et cultive toujours une esthétique sonore brouillonne en spectacle, où un mur de son fait loi. Julien Mineau l’avoue sans réserve: le groupe veut jouer fort et n’arrive pas à faire de compromis là-dessus. "On y pense parfois, puis on revient toujours à la formule rock et on joue à fond. Il n’y a rien à faire. Les gens le savent et reviennent nous voir, ils doivent aimer ça. Il n’y a qu’en France que ça ne passe pas. À l’époque, on avait un contrat de distribution pour l’Europe et les critiques étaient bonnes pour les disques. Mais on s’est toujours fait ramasser lors de nos spectacles. Ils ne comprennent pas et sont surpris de se retrouver en face d’un groupe rock. Je ne peux pas compter le nombre de fois où le son a coupé à cause des décibelmètres lors de nos concerts. Et puis l’Europe, c’est loin."
Si le continent européen n’est plus une priorité dans l’agenda du groupe, Malajube récolte tout de même sa part de succès dans le reste du pays. Alors qu’elle vient de traverser le Canada d’ouest en est, la formation constate qu’elle a encore un public fidèle dans le ROC. "Ça marche bien et on aime ça. C’est quand même notre pays et il existe encore des communautés francophones un peu partout en dehors du Québec. Sans compter qu’il y a beaucoup à faire ici. Je trouve qu’on est bien chez nous, on n’a pas à se plaindre."