Paul Piché : Victimes et assassins
Paul Piché est la tête d’affiche du concert-bénéfice Paix et solidarité des Journées québécoises de la solidarité internationale à Trois-Rivières. Entretien avec un militant de longue date.
Ce n’est pas d’hier que Paul Piché épouse des causes sociales telles la justice, la protection de l’environnement et – bien sûr – la question nationaliste. Avant même d’être un chanteur, il se définissait comme un militant engagé.
Dans les conversations de cuisine, au bureau, les gens défendent souvent leurs idées avec vigueur. Ils critiquent le gouvernement, contestent certaines de ses décisions, espèrent une plus grande démocratie… Mais rares sont ceux qui vont véritablement prendre les armes. Le musicien trouve-t-il cela désolant que peu de citoyens agissent? "C’est une caractéristique humaine de parler plus que d’agir. Mais parler, c’est déjà un début. Nommer les choses, se faire une opinion et parler, c’est beaucoup plus important qu’on pense. C’est comme ça que les choses se mettent en place. Si on veut que quelque chose arrive dans la vie, je pense qu’il faut lui faire de la place. Parler et nommer les choses, c’est un peu ça", estime celui qui lançait Sur ce côté de la terre en 2009.
Piché n’a jamais caché son souhait que le Québec devienne un pays. Cependant, avec la quasi-disparition du Bloc québécois et la véritable implosion du Parti québécois, a-t-il l’impression que son rêve s’effrite de plus en plus? "La situation n’inquiète pas seulement les militants souverainistes; même les gens qui sont apolitiques sentent qu’il y a quelque chose de préoccupant de ce côté. Pendant très longtemps, on a été habitués d’avoir ces partis politiques là. Ils étaient comme une assurance que des personnes se battaient pour nous, défendaient notre identité. Mais j’ose espérer qu’on vit un tournant important en ce moment, qu’on est en train de se défaire d’une politique attentiste qu’on a eue pendant trop longtemps. J’ose croire qu’on va toucher le fond du baril pour être capables de rebondir le plus rapidement possible."
En attendant que la suite de l’histoire s’écrive, le musicien propose une petite bouffée d’air frais. Seul avec sa guitare, il interprétera des pièces issues de son dernier disque, mais aussi de son répertoire au grand complet sur la scène du Théâtre du Cégep de Trois-Rivières, lors du concert-bénéfice Paix et solidarité. "C’est quelque chose que je fais très rarement, un spectacle comme ça, seul en scène. Et c’est assez agréable et différent pour le public…"