Ingrid St-Pierre : Les saisons d’Ingrid
L’univers féminin d’Ingrid St-Pierre s’apprête à chambouler le nôtre par des chansons-confidences joliment bricolées dans un spectacle intime.
Elle est celle qu’on n’attendait pas, la petite nouvelle de la chanson québécoise. Après avoir fréquenté les sentiers de traverse, Ingrid St-Pierre s’est révélée au grand public par Ma petite mam’zelle de chemin, un album à la fois intimiste et solaire. Depuis son lancement au printemps dernier (lors duquel Richard Desjardins lui a témoigné son affection réciproque), l’auteure-compositrice collectionne les bouquets d’éloges. Avec une tournée qui commence à peine, on peut imaginer que d’autres fleurs suivront, tel un second printemps.
Lorsque nous l’avons jointe au téléphone, les émotions du spectacle de la veille papillonnaient encore, mais elle avait hâte de reprendre la route. Elle a beau être délicate et candide, Ingrid St-Pierre a la carrure qu’il faut pour sillonner le Québec de ville en ville. "J’ai beaucoup de fun à faire ça, confirme-t-elle. J’apprends. C’est tout nouveau pour moi et j’essaie de profiter de chaque instant. Je les vis tellement pleinement! Novembre et décembre s’annoncent chargés, mais plus il y a de dates, mieux je me porte!"
La vie de tournée d’Ingrid est à son image, soit féminine jusqu’au bout des doigts. Sur scène, elle est accompagnée d’un quatuor à cordes… composé de quatre filles. "Elles sont multi-instrumentistes. Par exemple, ma violoncelliste joue aussi du xylophone, des percussions… Ça demeure tout simple, en douceur, pas trop chargé. Et en spectacle, je prends le temps de raconter le pourquoi des chansons."
Avant d’interpréter Une luciole sur un high (une ballade qui emprunte au vague à l’âme de Marie-Jo Thério), Ingrid St-Pierre pourrait cumuler les anecdotes. Cette composition la suit depuis ses débuts. "Je trouvais ça important que cette chanson se retrouve sur l’album. C’est le début de tout. C’est l’essence. Je voulais que les gens puissent me connaître par cet album. C’est très authentique, représentatif de ce que je suis."
Elle poursuit: "J’avais l’habitude de faire des interprétations, et dans un concours, je me suis démarquée par mes compositions. Je me suis alors dit que je pouvais peut-être écrire. Mais Une luciole sur un high, je l’ai écrite à 18 ans. Ce fut un peu plus tard que j’ai recommencé à écrire. J’ai eu besoin de vivre un peu… Pour écrire, il faut se trouver d’abord et avant tout."
Jeune adulte alors établie à Trois-Rivières, Ingrid St-Pierre a donc fait partie des meubles de quelques bars et cafés de la ville portuaire. "Ce fut mon école à moi. Toutes ces heures passées derrière les pianos des cafés ont fait de moi la musicienne et l’auteure que je suis. En cinq ans, j’ai appris à jongler avec les gens qui se trouvent dans la salle, à capter l’attention. C’était tellement enrichissant!"
Alors consciente des aléas d’une carrière artistique, Ingrid n’osait pas trop passer du rêve à la réalité. "C’est quand même un milieu difficile. C’est après avoir rencontré ma gérante, il y a deux ans, qu’on a commencé à faire des gestes en ce sens. Ça m’a pris quelqu’un qui y croyait encore plus que moi pour me donner l’énergie et la confiance nécessaires."
TRAMES SONORES
Autre raison pour laquelle la tournée ne sera jamais triste en compagnie d’Ingrid St-Pierre: elle a de bonnes munitions musicales. "J’écoute beaucoup, beaucoup de musique. Y a des journées avec des ambiances différentes, et c’est dans ces moments-là que je prends le temps d’écrire. Je suis en train de composer une chanson où je fais référence au duo Angus & Julia Stone, que j’écoute beaucoup ces jours-ci. J’ai beaucoup de trames sonores dans mes journées."
D’ailleurs, la prochaine conçue par Ingrid ne devrait pas trop attendre. "J’écris tellement cet automne! Après un été à promouvoir l’album, ça me manquait. J’ai presque terminé d’écrire le deuxième. On va entrer en production bientôt pour que ce soit prêt l’automne prochain. J’en rêve depuis quelques semaines. La naïveté est encore là, parce que je demeure une fille qui s’émerveille pour des petits riens, mais c’est moins gamine, et un peu plus jeune femme. Ce sera un album de thé chai, d’après-midi de pluie, de cocooning… un album en laine. Ce ne sera pas triste. Peut-être juste un peu plus mélancolique."
Alors que la journée s’annonce belle, parfaite pour faire du millage, quelle trame sonore a-t-elle prévue? "Sûrement Civil Wars, un duo un peu folk, un peu planant, avec de magnifiques arrangements de voix." Notons la suggestion.