Galaxie : Sans dieu ni maître
Musique

Galaxie : Sans dieu ni maître

Groupe rock ingénieux, Galaxie continue de charger à bride abattue. Depuis 10 ans, Olivier Langevin mène le bal avec une volonté de fer et fait fi du protocole. Avec lui, tout est  possible.

Il faut avoir assisté quelques fois à des spectacles de Galaxie (sans le fameux 500 depuis un an) pour comprendre le caractère intrinsèque de ce projet. Les intentions d’Olivier Langevin sont claires: ce groupe est un band de rock qui ne fait pas de compromis, un pur-sang, et la salle est mieux de suivre, car lorsque le train est en marche, il n’est pas question de l’arrêter.

Avec Tigre et diesel, le troisième album de la formation, le guitariste et chanteur a trouvé la formule idéale pour rendre peut-être plus accessible ce quatuor composé, la plupart du temps, de Dan Thouin (ou François Lafontaine de Karkwa, aux claviers), Pierre Fortin (batterie) et Fred Fortin (basse). Le gars du lac a même ajouté deux choristes à la distribution (Audrey-Michèle Simard et Myëlle) pour diluer un peu la testostérone, et la facture sonore parfois électro-trash de cette production donne un élan supplémentaire à la foule qui exulte lors des représentations. Piste 01, le premier simple, a fait des ravages.

Pour la première fois, ce dernier chapitre a vraiment donné une visibilité importante à Galaxie, qui s’est retrouvé successivement finaliste au prix Polaris, lauréat à l’ADISQ et grand vainqueur au GAMIQ cette année. Langevin a de quoi être fier de cette aventure née sur un coup de tête au début des années 2000. "C’est tripant de voir que ça marche, pis on a du fun, constate-t-il. Juste de se retrouver parmi les 10 finalistes du Polaris, c’était quand même génial. On est allés jouer au gala, on n’avait aucune pression, et le monde était très cool. On ne veut pas conquérir la planète, non plus. Et dans ce groupe, on ne se met pas la tête dans le sable. Les textes, ils parlent de rock, on fait du rock, et le protocole, ben ce n’est pas trop notre point fort."

Sur scène, les rondes de cognac se suivent et le spectacle déboule à fond de train. À croire que les gars (et les demoiselles aussi) sont des surhommes. "Ça nous arrive peut-être de l’échapper un peu, des fois! blague-t-il. Un bon show de rock, je ne sais pas pour toi, mais je pense qu’il faut que ça dégénère à quelque part. C’est ça la vibe qu’on veut imposer. Je ne vois pas comment je pourrais faire les choses autrement; le rock, c’est ça! Je suppose que c’est tout simplement une période qui s’impose dans la vie d’un musicien; seulement, dans mon cas, ça dure depuis 10 ou 15 ans! Mais on a encore l’âge et l’énergie pour le faire. Plus tard, ben, je ferai peut-être des tounes plus tranquilles!" imagine-t-il en riant.

Mais Langevin se montre déjà très polyvalent. À titre de réalisateur, aux côtés de Vincent Vallières (l’album Le monde tourne fort) et de Mara Tremblay (Tu m’intimides), il nous a prouvé que sa force réside dans la conception sonore, une obsession dans son cas. Galaxie défonce peut-être la baraque avec ce son qu’il qualifie de fuzzy (lire saturé), mais l’artiste s’est montré brillant lors de ces collaborations étoffées. "Lorsque j’ai entendu On va s’aimer encore de Vincent, j’ai adoré ça. Tu me parles de Nuage à boire [sur l’album Le temps au point mort de Galaxie], donc tu constates que je peux aller ailleurs aussi. En fait, je ne suis pas un guitar hero. Je ne comprends pas les gens qui viennent me voir pour me demander quelle guitare ils devraient acheter, par exemple. Je connais pas ça, et les guitares, je m’en fous! C’est juste un outil de travail et rien d’autre. J’ai la même Telecaster depuis l’âge de 17 ans! Moi, ce qui me passionne, c’est le son et la musique, mais dans son ensemble."

Maintenant que les pendules sont à l’heure, on comprend que le studio est un endroit de prédilection pour Langevin, qu’on voit déjà multiplier les collaborations dans le futur. "Jusqu’à maintenant, le plus beau projet que j’ai fait, je crois que c’est celui de Mara. C’était la franchise totale. J’avais un concept, et ça s’est fait en équipe. Il y avait des règles très précises. Les thèmes étaient bien définis, et j’ai installé le cadre sonore dans lequel on allait travailler. Je pouvais amener ça où je voulais! Mara peut être très lyrique; mon idée fixe, c’était de faire un "album voix". En fait, quand le monde est franc, c’est l’idéal."