James Blunt : L’homme de 15 millions
À James Blunt, on associe You’re Beautiful. Avec la tournée Some Kind of Trouble, préparez-vous à découvrir le reste du répertoire du gentil Britannique.
"Je parle un peu le français, mais pour l’interview, c’est meilleur en anglais", nous a demandé James Blunt dans la beautiful langue de Molière. Pas de problème, monsieur Blunt. Au-delà de la politesse, pour un artiste qui a vendu plus de 15 millions de disques en carrière, il faut sortir son anglais du dimanche. C’est implicite dans la convention.
En lui mentionnant que nous n’avions jamais eu l’occasion de discuter avec un auteur-compositeur ayant connu un tel succès commercial, le principal intéressé évite une occasion de "pétage de bretelles" pour ramener ça à l’essentiel. "Les obsessions de l’industrie ne sont pas les miennes. Tous ces millions d’albums qui se vendent, je n’en ai pas vraiment conscience. Chaque fois, le seul disque qui compte, c’est l’exemplaire que je me grave à la sortie du studio."
Quelque part chez lui, James Blunt a donc un CD avec au recto Some Kind of Trouble écrit au marqueur. Ce troisième disque, il s’inscrit dans le chemin tracé par les précédents. "Back to Bedlam, c’était très naïf comme album, d’où son charme. All the Lost Souls, c’était la perte de l’innocence et un disque très personnel. Et avec Some Kind of Trouble, j’ai voulu retrouver l’innocence, mais avec expérience et optimisme. J’en suis à ma troisième tournée mondiale… je commence à savoir ce que je fais!"
"Pour ce disque, j’ai composé les chansons à la guitare électrique; c’est donc vraiment plus upbeat, poursuit-il. On le ressent en concert. D’ailleurs, si les gens pensent que je suis un troubadour avec une guitare acoustique, ils se trompent." Et ne voyez surtout pas en lui qu’un chouchou de ces radios qui carburent à la "pop adulte", car au dire du chanteur, aucune étiquette ne lui colle à la peau. "Pop, folk, rock, pop-folk-rock… Ce n’est pas mon problème. Je compose des chansons à mon goût."
James Blunt ne trimballe pas un son purement british, mais on devine chez lui l’influence de son compatriote Elton John, entre autres sur les nouvelles chansons Heart of Gold et If Time Is All I Have. "Je crois qu’il s’agit là d’un immense compliment. Il est un musicien et un auteur-compositeur exceptionnel. Je n’ai pas la volonté de sonner comme lui, mais on a fait des tournées ensemble et il y a peut-être eu une influence en cours de route."
Pour le "Some Kind of Trouble Tour", c’est Blunt qui mène le bal. "Depuis janvier dernier, on est passés par plus de 200 villes. C’est comme un voyage de camping qui n’a pas de fin. On se retrouve rarement dans les hôtels, car on se déplace en autobus de tournée. Ce choix relève de ma vision du métier, qui est de jouer constamment, d’aller à la rencontre du public. C’est tout simple, mais ça nécessite un travail acharné."
Et parce qu’il aime le boulot bien exécuté, James Blunt interprète You’re Beautiful tous les soirs. "Je serais fou de ne pas le faire. Je me considère chanceux d’avoir une telle chanson. C’est ce qui m’a donné l’élan pour trois tournées mondiales. Et sans ce succès, je ne crois pas qu’on serait en train de jaser en ce moment."