Lights : Tourner au nord
Musique

Lights : Tourner au nord

Avec Siberia, Valerie Poxleitner souhaitait rendre la musique de Lights un peu plus "dérangée", selon ses dires. Avec l’aide d’audacieux collaborateurs, elle a mis au monde l’un des albums pop les plus hardis et enthousiasmants de l’année.

"Le défi concernait la direction artistique, à savoir si j’avais assez de cran pour ajuster ma musique à l’artiste que je suis devenue", confie Valerie Poxleitner, qui endisque sous le nom de Lights, à propos de son nouvel album, Siberia. Cette mise à niveau sonore, celle qui la verra délaisser les mouvances saccharinées pour embrasser les rythmes morcelés et les basses contorsionnées associés au mouvement dubstep britannique, la chanteuse en émettait les prémices durant l’été 2010, alors qu’elle participait au festival Reading.

"J’ai rencontré les gars de Holy Fuck [troupe électro torontoise] là-bas. J’étais une fan, et je savais déjà dans quelle direction je voulais que ce nouvel album aille; je leur en ai parlé, et ils ont bien voulu entrer en studio avec moi quelques semaines plus tard."

Ainsi, la majorité des pièces de Siberia portent la signature de Brian Borcherdt et Graham Walsh, deux membres de Holy Fuck, à la coécriture et à la réalisation, ce qui confère aux petites bombes de Siberia un joyeux anticonformisme crasseux. "Il est à peu près temps que la pop retrouve son côté sale. Je suis consciente que c’est cyclique, mais je m’ennuie des années 90, avec le grunge, qui s’en foutait si un accord n’était pas parfait, si la réalisation n’était pas manucurée. Nous vivons dans l’ère de la musique "photoshopée" et ça m’ennuie. Siberia est, en quelque sorte, une réaction à cela."

Reste maintenant à savoir si le public canadien – et les radios, qui boudent, jusqu’à maintenant, l’irrésistible premier simple Toes – accueillera favorablement cette mutation chez celle qui expose dans son salon la statuette de verre et d’argent du Juno de la révélation de l’année en 2009. Succès commercial ou pas, Lights n’en a que faire. Elle signe et persiste, en guise de conclusion: "C’est vrai que rien ne sonne comme ça en ce moment, mais un artiste se doit de sortir des sentiers battus pour évoluer. Le chèque de paye s’avère le processus créatif; si en plus il obtient du succès, ça relève du bonus de fin d’année."