Prince : Du funk pour l’âme
Après deux concerts historiques lors du Festival de jazz, Prince est de retour à Montréal pour un autre épisode funk délirant.
De bons concerts, j’en ai vu à la tonne, mais aucun d’eux ne supplante celui auquel j’ai assisté le 24 juin dernier, alors que Prince donnait le premier d’une série de deux spectacles dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal. Avec ses Purple Rain, Let’s Go Crazy, 1999, Little Red Corvette, Raspberry Beret, Controversy et Cream, le charismatique chanteur, aussi virtuose de la six cordes, nous avait mis sous son joug. Entouré d’une incarnation plus que convaincante du New Power Generation, Prince s’était exécuté quatre heures durant, un pur délire.
"C’était très spécial, confirme le musicien. C’est plutôt inhabituel de voir un groupe jouer pendant quatre heures, incluant sept rappels. C’était une soirée historique pour nous également."
Celui qui semble avoir apprécié l’expérience autant que les 2200 chanceux présents ce soir-là s’apprête à remettre les pieds à Montréal dans le cadre de sa tournée Welcome 2 Canada. Sur une scène 360° dont la forme rappelle son Love Symbol, le maître mauve espère rappeler à la foule toute la puissance de la musique live. "Nous avons grandi dans les années 60 et 70, la grande époque de la vraie musique", explique la vedette de 53 ans. "Aujourd’hui, le look est devenu plus important que les habiletés des musiciens."
Même si son répertoire personnel compte assez de classiques pour tenir sur scène pendant quatre heures, Prince épice ses spectacles de reprises (Sly and the Family Stone, Michael Jackson et quelques autres). Peu importent les ingrédients, le but ultime est de faire groover la foule. "On essaie de concevoir chaque concert comme une expérience inoubliable. Plus tôt dans notre carrière, il aurait été impensable de jouer des reprises, surtout celles d’artistes toujours actifs. Malheureusement, plusieurs de mes contemporains ne font plus de tournées, il est donc de notre devoir de garder leur musique bien vivante en la présentant aux nouvelles générations."
"Les gens se demandent pourquoi nous n’avons jamais changé le nom de notre groupe, The New Power Generation, poursuit Prince. Le nom fait aujourd’hui référence au public qui nous suit. Nous nous produisons devant une foule plus diversifiée que jamais. C’est complètement dément!"
Nous ne vous apprendrons rien en affirmant que Prince est constamment en train de composer et d’enregistrer de nouvelles pièces. Au cours des deux dernières années seulement, il a lancé l’album triple LOtUSFLOW3R et puis 20Ten. De nombreuses rumeurs voulant qu’il se soit installé quelques jours dans un studio suisse couraient récemment, ce que le musicien confirme, affirmant toutefois qu’il s’y trouvait pour donner un coup de main à la chanteuse camerounaise Andy Allo, aperçue en tournée avec le NPG. "Oui, nous y étions pour aider Andy avec son nouveau projet. Je pourrais te dire à quel point Andy Allo et ses musiciens sont cool, mais j’aurais besoin d’un micro et d’un système de son pour te le prouver."
Bien que Prince ne soit pas le seul artiste encore actif après 35 ans de carrière, très peu affichent la même passion lorsqu’ils montent sur scène. Est-ce que la spiritualité de sa musique aurait à voir avec cette longévité?
"Bonne question, répond-il. La musique revitalise l’esprit, le corps et l’âme instantanément. Nous avons tous besoin de musique dans la vie. Les professeurs et les musiciens font partie de nos humains favoris. Laurence Fishburne assistait l’autre jour à une petite fête que j’avais organisée où jouaient Maceo Parker et son groupe. Après la performance, Morpheus m’a remercié, affirmant que son âme en avait grandement besoin. Venez me voir en décembre, vous comprendrez ce qu’il veut dire."