Damien Robitaille : Des sosies et des hommes
Après deux ans de tournée, voilà que Damien Robitaille s’apprête à mettre un point final au cycle d’Homme autonome. Du moins, au Québec.
Fraîchement arrivé d’un périple en France, Damien Robitaille est visiblement heureux d’être de retour dans la Belle Province. Son odyssée européenne lui aura permis de revivre, en quelque sorte, ses premières fois. "Je faisais un peu de promo là-bas. Un genre de tournée symbolique pour le lancement d’Homme autonome en France. Il n’y avait pas un événement de lancement comme tel, mais j’ai joué dans plein de petites salles. C’était comme les débuts, quand je suis arrivé au Québec il y a six ans. Ça rend nostalgique, mais en même temps, ça me fait apprécier la situation que j’ai ici au Québec."
Alors que le second disque de Damien entame une nouvelle vie de l’autre côté de l’Atlantique, ironiquement, la série de spectacles qui faisait suite à Homme autonome tire à sa fin en sol québécois. Après plus de deux ans, ladite tournée aura été le théâtre de plusieurs rencontres inspirantes pour le Franco-Ontarien. "On a changé de musiciens tellement souvent! Pas à cause qu’on ne les aimait pas, mais parce qu’ils n’étaient plus disponibles. Ça fait quand même plus de deux ans qu’on tourne avec ce spectacle-là, donc les musiciens finissent par avoir d’autres contrats. J’ai à mon actif quatre batteurs, quatre bassistes, deux claviéristes, quatre choristes… En tout, il y a une cinquantaine de personnes qui ont collaboré au show. C’est vraiment une mini-société."
Outre le roulement de personnel, le contenu du spectacle a lui aussi bénéficié d’un lifting. Décidément, Damien n’est pas du type Jour de la marmotte. "Musicalement, ça a beaucoup changé. C’est le fun d’avoir son petit confort: les mêmes chansons dans le même ordre, les mêmes interventions, la routine, quoi. Mais je n’aime pas trop me répéter."
Les habitués des concerts de Robitaille en savent quelque chose: le chanteur à la moustache est plutôt généreux en matière de pièces inédites. Mais quel sort réserve-t-il à ces chansons? "Il faut comprendre qu’aujourd’hui, il se passe comme trois ans entre chaque album. J’aime ça avoir des nouvelles pièces et celles que je joue en concert ne finissent pas nécessairement par se retrouver sur un disque. Dans le temps, The Beatles faisaient un disque par an, donc ils pouvaient se permettre d’enregistrer toutes leurs chansons, mais dans mon cas, ça arrive souvent qu’au moment d’entrer en studio, il y a des pièces que je ne sens plus, et surtout, qui ne font plus référence à la vie que je mène au moment présent." Bien qu’il n’exclue pas la possibilité d’enregistrer un jour ces fameuses chansons inédites, Damien les considère comme des as dans sa manche.
Une chose est certaine, l’évolution qu’on a pu percevoir entre L’homme qui me ressemble et Homme autonome risque fort bien de se poursuivre dans l’album qui leur succédera. "Le premier disque, c’était plus un genre d’initiation au milieu de la musique. Je rencontrais des musiciens et j’étais plus gêné. Pour le deuxième, j’avais plus confiance en moi, donc je prenais plus de décisions. Je me permettais des choses. J’ai fait mon trip Sinatra et Beach Boys. Pour le troisième disque, je vais peut-être réussir à enfin exploiter mon petit côté latino…"
En attendant l’éventuelle version salsa de Damien Robitaille, celui-ci clôturera sa tournée dans une formule qui détonnera énormément par rapport aux arrangements sophistiqués d’Homme autonome. Exit les formations de cuivres et les choristes. C’est accompagné simplement de son bassiste que Robitaille se commettra. "Les tounes vivent d’une autre façon. C’est plus intimiste, mais avec autant de plaisir. Pour moi, une bonne toune se tient debout en formule voix-guitare ou voix-piano."
Il faut savoir que la formule duo ne comporte rien de nouveau pour Damien. Non seulement c’est ainsi qu’il a fait ses premières armes en compagnie du chansonnier électronique JF Lemieux, mais il a aussi accumulé bien des points d’expérience au sein du projet improbable des Frères Rivaux. Aura-t-on la chance de le revoir partager la scène avec l’illustre Sunny Duval (Les Breastfeeders) afin d’entonner des classiques nébuleux du chanteur country Michel Melançon? "Tous les dimanches soir, on donnait un spectacle. Je ne sais pas pendant combien de mois on a fait ça. On le refera certainement quand l’occasion se représentera. Avec les horaires qu’on a actuellement, on n’a pas vraiment le temps pour des projets parascolaires! Mais c’est vrai qu’aller dans les régions, ce serait la prochaine étape."