Kathryn Calder : Métamorphose
Kathryn Calder s’offre un second départ malgré le succès d’estime qu’a récolté son premier album solo. On la redécouvre.
Après un premier album solo au titre évocateur et percutant (Are You My Mother?), l’artiste de Vancouver Kathryn Calder, que l’on a connue aux côtés de Neko Case dans The New Pornographers, a décidé de se présenter sous un nouveau jour avec son deuxième disque, Bright and Vivid. Elle nous avoue même qu’il s’agit, vu les circonstances, de son premier essai en solo tellement Are You My Mother? était ancré dans une démarche de guérison.
Il faut comprendre que Calder a dédié son premier disque à sa mère, qui était atteinte de la maladie de Lou Gehrig et qu’elle a accompagnée jusqu’à la fin. Alors que l’album sortait, l’artiste était déjà en processus d’écriture tout en conjuguant son horaire avec la dernière tournée des New Pornographers, qui reprenaient la route l’an dernier. Elle n’a pas chômé malgré le deuil (et la perte de son père quelques mois plus tard) et voulait à tout prix sortir ce nouvel opus sans tenir compte de certains impératifs commerciaux. "Parfois, les gens me disent que ça ne se fait pas de sortir deux disques en un an. Qu’est-ce que ce sera pour le troisième? Est-ce dans mes plans d’en faire paraître un autre l’année prochaine?" constate-t-elle, amusée.
"J’avais besoin de sortir Bright and Vivid maintenant, c’était dans l’ordre des choses. Ça fait presque trois ans que j’ai écrit Are You My Mother? Là, j’avais besoin d’autre chose, d’un album plus éclaté et imprévisible. J’aime bien les groupes qui s’amusent avec la dance music tout en intégrant une instrumentation variée, voire électro-acoustique. La musique devient alors une forme de mise en scène pour les textes. Une chose est sûre, il fallait que ce soit totalement différent. Pour ce dernier album, je n’étais pas dans le même état d’esprit. Il s’ouvre avec One, Two, Three, qui est très pop et détermine clairement que je m’en vais dans une autre direction."
C’est avec son complice Colin Stewart (réalisateur pour Dan Mangan, Ladyhawk et Black Mountain) qu’elle a concocté cette nouvelle fresque sonore qui amalgame l’électronique et les synthétiseurs à des miniatures musicales qui auraient sans doute pu devenir des bijoux acoustiques et folk. Cette nouvelle production est même devenue un projet collectif tellement l’effectif de musiciens s’est élargi.
"J’ai la chance et la malchance de travailler avec mon conjoint, indique-t-elle en riant. J’avais des idées précises pour cet album mais, parfois, tout prend une direction inattendue. La chanson Right Book, par exemple. Elle a été composée guitare-voix, puis est devenue une expérience électro-acoustique, et les synthétiseurs s’y sont ajoutés. J’ai dû faire appel à Dean Tzenos (Odonis Odonis) pour celle-là. C’est un DJ qui se spécialise dans l’électronique un peu noise-pop, mais il est très sensible aux mélodies. C’était la personne idéale pour faire en sorte qu’il y ait un peu de cohérence dans mon délire! Tous les gens que tu retrouves sur cet album ont un peu joué ce rôle."
Un beau délire en effet, qui se décline sur 10 pièces qui ont franchi avec succès l’étape du laboratoire menée par la scientifique Calder.