Pierre-Yves Martel : Néo-baroque post-moderne
Le gambiste Pierre-Yves Martel utilise certaines particularités des musiques baroques pour créer des oeuvres tout à fait actuelles.
Certains ensembles de chez nous prennent plaisir à mêler musiques ancienne et moderne pour arriver à un nouvel alliage; Constantinople est de ceux-là. Avec une démarche qui s’appuie sur des recherches musicologiques poussées, mais dans l’optique de poursuivre un processus de création ou, comme c’est le cas cette fois-ci, de déconstruire les pratiques baroques pour leur faire jouer une autre musique.
Le projet Plans d’immanence est attribuable à Pierre-Yves Martel, un membre de Constantinople qui s’est allié aux Productions SuperMusique pour monter un ensemble formé d’instrumentistes qui, comme lui, ont un pied dans le baroque et l’autre bien ancré dans le présent. Si on l’a connu contrebassiste aux côtés du joueur de tourne-disque Martin Tétreault ou de l’improvisateur tous azimuts Jean Derome, on l’a aussi vu à la viole de gambe au sein des Voix baroques ou de La Nef. Aujourd’hui, il ne joue plus que de cet instrument. "J’ai arrêté la contrebasse il y a près de trois ans, explique-t-il, parce que ça devenait compliqué de gérer les deux instruments, et puis il y a plus de cordes sur la viole, et ce sont des cordes de boyau, qui ont plus de caractère."
Le fait de jouer d’un instrument ancien n’a pas enlevé au musicien son désir d’explorer de nouvelles possibilités musicales, et c’est ce qui nous vaut ce projet apparemment paradoxal, où des instruments anciens jouent de la musique actuelle. "Ça fait plusieurs années que je veux faire un projet avec d’autres musiciens qui, comme moi, s’intéressent à ce genre d’hybridation, et cette coproduction m’en offre enfin l’occasion." Autour du gambiste, on verra Ben Grossman à la vielle à roue baroque, Amy Horvey à la trompette, Terri Hron à la flûte à bec et Kim Myhr à la guitare. Martel base son travail sur l’utilisation de ce qui pourrait passer pour des imperfections de la musique (du glitch baroque!) et il se sert aussi de la spatialisation (un concept baroque qui fait encore fortune en électroacoustique, par exemple). "Le projet est vraiment fait pour ces musiciens-là et le résultat est un collage des idées que nous avons eues en discussion; des plans de durée, d’intention, de texture. Et c’est fait avec des instruments que l’on n’entend jamais en musique contemporaine." Encore et toujours à redécouvrir!