Fabien Gabel / OSQ : Tourne la page
Le chef d’orchestre Fabien Gabel est le nouveau directeur artistique de l’OSQ. Première rencontre avec le jeune maestro de 36 ans qui contemple l’avenir avec sagesse.
Le chef d’orchestre français Fabien Gabel a vécu la semaine dernière une immersion en terre québécoise, et un agenda rempli l’attendait de pied ferme lors de l’annonce de sa nomination à la direction artistique de l’Orchestre symphonique de Québec. Les rencontres publiques et mondaines se sont multipliées et les politiciens étaient au rendez-vous. Celui qui succède à Yoav Talmi a même eu droit à l’exposé de Jean Charest sur le Plan Nord, un moment jugé opportun par l’administration de l’orchestre pour le présenter au premier ministre.
Des ressources minières qui comblent notre eldorado nordique, passons maintenant au nouveau défi qui attend ce nouveau chef à peine âgé de 36 ans. Fabien Gabel obtient un poste de chef d’orchestre en chef pour la première fois en carrière et compte bien assumer cette tâche avec passion jusqu’en 2016. Après avoir été chef assistant au LSO (London Symphony Orchestra) jusqu’en 2006, et avoir voyagé d’un pupitre à l’autre en Europe pour peaufiner l’art de la direction, le chef (trompettiste classique dans une autre vie, tel le jeune maestro Daniel Harding) s’est montré patient et studieux aux côtés des Colin Davis et Bernard Haitink à Londres. "Ces chefs sont mes mentors, précise-t-il, surtout Bernard Haitink. Et à l’Orchestre national de Paris, j’ai pu assister Kurt Masur entre 2002 et 2005. Avec Masur, j’étais surtout mis en contact avec un répertoire romantique et germanique. Mais depuis quelques années, je dirige de plus en plus de musique romantique française, par exemple."
Avec l’arrivée d’un nouveau chef, on souhaite aussi une ouverture vers un nouveau réseau de solistes pour l’orchestre. Gabel oeuvre maintenant depuis plus de sept ans à titre de chef professionnel en Europe et, outre Marie-Nicole Lemieux (avec qui il a travaillé sur le disque Ne me refuse pas: airs d’opéras français), on s’interroge sur les interprètes qu’il rêve de voir à ses côtés dans les années à venir. "Mais je ne devrais rien dire, c’est trop tôt!" constate-t-il, sourire en coin. "J’ai des affinités avec des compatriotes et des Allemands aussi. Marie-Nicole Lemieux est une grande copine et nous aurons sans doute l’occasion de travailler ensemble à nouveau. Sinon, je pourrais vous nommer le pianiste français Bertrand Chamayou, un interprète que l’OSQ devrait apprécier. Le violoncelliste allemand Nicolas Altstaedt et la violoniste allemande d’origine russe Alina Pogostkina, en voilà deux autres que j’aimerais inviter. Sans oublier le pianiste Louis Lortie et le baryton Jean-François Lapointe. Ce ne sont que des noms, il faudra maintenant regarder leurs disponibilités!"
Fabien Gabel, ouvert à Chausson, Chabrier, Dukas, Koechlin (et même à la musique baroque pour grand orchestre), tente maintenant d’assimiler la mécanique de l’organisation et se concentre sur l’effectif et les fonds de l’orchestre qui sont à sa disposition. "En fonction de la formation, du nombre de musiciens et des budgets, j’aurai à choisir ce qui est adéquat pour l’OSQ. J’adorerais faire La mer de Debussy, mais il faut cinq trompettes, deux harpes, des bois par trois ou par quatre… Il faudra être raisonnable. Mais surtout, je ne veux pas imposer Fabien Gabel à l’orchestre, je veux travailler avec lui et le consulter. Il ne doit pas y avoir de mur entre nous."