Les aventures de Madame Merveille : Pow! Bang! Zoom! Paf!
C’est la faute à Steve Jobs. Depuis que l’iPad s’est imposé à nos pauvres existences de consommateurs, on ne lit plus de la même façon. La bande dessinée n’a pas échappé à cette transition numérique; les cases se bousculent à l’écran et les bulles y virevoltent. Dure adaptation (rien ne vaut un vieux Tintin cartonné).
La semaine dernière, la scène du Théâtre Centennial avait pris la forme d’un immense iPad (disposé à l’horizontale) pour l’opéra bande dessinée de l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), Les aventures de Madame Merveille. En guise de fond d’écran, on percevait la chef, Véronique Lacroix, qui tournait poliment le dos au public, et ses sept musiciens. Si la présence d’un quatuor à cordes ne surprenait guère, celle de deux synthétiseurs laissait craindre le pire (on garde très peu de bons souvenirs des années 80). Fausse alerte.
Thwack! Zap! Pow! Bang! Zoom! Paf! Rapidement, les sons vintage des claviers ont fusé pour coller aux onomatopées de Madame Merveille, que personnifiait une magistrale soprano, Pascale Beaudin. Par une suite de bédéesques haïkus, l’histoire évoluait de manière simpliste, mais joyeusement dramatique, appuyée par une trame sonore alambiquée et des chants épiques.
La musique n’a guère changé de registre en cours des quatre actes de cette épopée illustrée, mais le dessin explorait judicieusement différents univers. Saluons la séquence Un gros osss conçue par le bédéiste québécois Pascal Girard (pour le découvrir, lisez Conventum).
L’opéra présenté sous les atours de la bande dessinée: rafraîchissant. C’est la faute à l’ECM+.