Ghostface Killah : Être ou ne pas être
Musique

Ghostface Killah : Être ou ne pas être

Pour sa première apparition sur scène à Québec, Ghostface Killah compte bien ne pas décevoir ses fans. Le rappeur n’a rien perdu de son flegme et s’affiche encore sans  artifices.

Pas facile d’extirper le rappeur Ghostface Killah de sa bulle créatrice. Et lorsque c’est fait, ne tentez pas de l’interpeller pas son nom de baptême: Dennis Coles. L’artiste est catégorique, c’est Ghostface ou rien. Ce producteur – et l’un des fondateurs du Wu-Tang Clan – a d’ailleurs bien choisi son pseudonyme: il est comme un spectre qui apparaît comme bon lui semble. Vous le prenez comme il est, sinon ce ne sera que partie remise. C’est tout de même avec un sourire dans la voix que Ghostface Killah nous confirme son identité alors que nous tentons de faire le tri parmi tous les membres de son entourage qui se relaient au combiné à coups de "Hold on a minute". Finalement, le voici: "Non, ce n’est pas Dennis, c’est Ghostface qui parle. Comment vas-tu?"

Pour cette première tournée canadienne en carrière, le rappeur a décidé de faire les choses à sa façon, c’est-à-dire avec la même indépendance qu’il affiche aux États-Unis. Par contre, on ne pourrait pas l’accuser de chômer. En l’espace de deux ans, il a sorti coup sur coup deux albums qui ont récolté des critiques plus que favorables: Ghostdini: Wizard of Poetry in Emerald City et Apollo Kidz. "Je fais ce que je veux avec le label [Def Jam] avec qui je travaille, précise-t-il. Je n’ai pas de plan de match. Pour moi, la seule façon de faire cette carrière, c’est de respecter sa créativité coûte que coûte. Comment peux-tu être crédible si tu commences à faire n’importe quoi dans une industrie qui est devenue un cirque? La meilleure façon de rester en contact avec un public, c’est d’être sur scène avec du bon matériel. C’est ça mon job et je dois être là pour les fans. De toute façon, si je ne travaille pas je suis perdu, alors je n’arrête jamais."

Et le rappeur s’affiche aussi en marge avec une direction artistique qui ne fait pas de compromis. À ses côtés, quelques visages bien connus qui avaient fréquenté le Wu-Tang Clan refont surface à la console, tel le producteur Pete Rock, avec qui il est en bons termes. Pourrions-nous dire que Ghostface est réactionnaire par rapport aux métissages qui se multiplient dans le rap? "Certains diront que ce que je fais, c’est old school. Moi je dis que cette musique, elle est moderne. Lorsque tu utilises des samplings et que tu choisis des chorus en conséquence, ça doit être naturel. Il n’y a pas d’équation parfaite. Tu fais de la bonne musique ou pas. Les gens avec qui je travaille sont talentueux et respectent cette philosophie."

On se questionne aussi sur la philosophie qui anime depuis toutes ces années cet artiste né dans un quartier populaire de Staten Island, un arrondissement de New York. "À l’époque du Wu-Tang Clan, on entendait n’importe quoi sur notre "philosophie", se rappelle-t-il. On voulait s’en sortir et réussir par nous-mêmes, voilà tout. Après toutes ces années, je suis resté moi-même et j’espère être devenu quelqu’un de respectable. Il n’y a pas de mystère derrière le Ghostface que je suis. Un fantôme est un fantôme et il ne dérange personne. Ce n’est que le reflet du passé et ça me confirme que j’ai changé pour le mieux. Love is love, man. C’est tout ce qui compte."