Marie-Nicole Lemieux : Lemieux en mieux

En jetant un regard à la feuille de route de Marie-Nicole Lemieux, on se surprend à vérifier si c’est la seule et même personne qui a pu enchaîner toutes ces réussites et ces concerts. La contralto laisse entendre un rire à cet effet, s’avouant elle aussi dépassée par tant de réalisations.

S’ajouteront donc à son parcours deux concerts qu’elle donnera dans sa région natale en compagnie d’un orchestre pour lequel elle a beaucoup d’admiration. D’ailleurs, celle qui a participé à un nombre hallucinant de grandes productions, et ce, en Amérique comme en Europe, est probablement la meilleure juge en la matière. "Les Violons du Roy, il faut quand même le mentionner, pour moi, c’est le meilleur orchestre de chambre baroque et classique au Canada. Ils nous font honneur partout dans le monde. Il faut les voir! En concert, ils sont vivants, ils bougent et c’est magnifique. C’est un de mes orchestres favoris dans le monde et je peux te dire que j’en ai vu, des orchestres!"

C’est une véritable histoire d’amour qui lie Lemieux aux Violons du Roy. En effet, on est déjà bien loin de leur première collaboration. "On a enregistré un disque qui va sortir l’an prochain. C’est une relation qui a commencé en 2001 et on se rencontre au minimum une fois par année. On fait du répertoire contemporain, on fait aussi du Haendel, du Bach, du Mozart, et c’est toujours un grand plaisir."

Pour ce qui est des concerts qui seront présentés dans la région, nul doute que la magie de Noël sera au rendez-vous. "C’est un programme religieux et baroque. De plus, il contient du Bach et je trouve que je n’en fais pas assez. C’est une musique qui se prête bien à Noël et c’est très spirituel. Il y aura aussi des concertos, donc ce sera vraiment un beau moment de musique. Et naturellement, on a préparé quelques petits cadeaux pour la fin."

De l’opéra aux récitals

Lorsqu’on a tenu la vedette dans les plus grands opéras qui soient, comment se sent-on à l’idée de se présenter sur scène en tant qu’unique interprète vocale? S’ennuie-t-on de l’abondance scénique propre à l’opéra? "Franchement, j’aime beaucoup mieux chanter dans les récitals. L’opéra, c’est bien, mais ce n’est pas ce que je préfère. Dans un concert de forme plus classique, on se concentre sur la musique et on n’a pas à penser à l’éclairage ou à la mise en scène. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est faire de la musique et raconter des histoires, mais en musique. C’est sûr que l’opéra, c’est un trip. L’actrice qui joue et qui se promène entre de nombreux états d’âme, c’est un plaisir, mais quand je n’ai qu’à chanter, je suis bien."

Suivant la même logique, on serait tenté de croire que Marie-Nicole Lemieux ressent une grande liberté lorsqu’elle entre en studio. Cependant, on constate que les sessions d’enregistrement comportent quelque chose de sacré et d’un brin formateur. "C’est très exigeant. On grave pour toujours! C’est pour ça qu’il faut que ce soit parfait. Il faut que les notes soient parfaites, mais en plus, il faut que l’émotion le soit aussi. On peut faire un enregistrement impeccable à tous les niveaux, mais s’il n’y a pas d’émotion, c’est plate, et moi, ça me tue! C’est ce qui rend le tout très exigeant, mais après, on en sort toujours grandi. On apprend beaucoup de choses à propos de soi et on en ressort meilleur chanteur. Le jour où je me dirai "Je ne peux pas m’améliorer", la peur de ne plus avoir qu’à descendre va me prendre. C’est sûr que ce n’est pas le fun de manger quelques roches dans la face de temps en temps, mais c’est signe qu’on continue à monter. C’est mieux comme ça."

On ne le répétera jamais assez, Marie-Nicole Lemieux est une contralto de renommée internationale. Son talent est célébré un peu partout dans le monde et les grands noms de la musique symphonique se l’arrachent. Avec un agenda professionnel qui affiche complet jusqu’en 2016, on en déduit que sa feuille de route continuera de s’allonger. A-t-on encore des rêves lorsqu’on a déjà réalisé l’impossible? La réponse de Marie-Nicole Lemieux ne se fait même pas attendre: "Mes gérants sont tous au courant. J’aimerais de tout mon coeur interpréter Dalila dans Samson et Dalila [un opéra de Camille Saint-Saëns]. J’ai un bon cinq ans pour faire préparer ça!"

On le lui souhaite. Et grandement.