Le jour, c'est la nuit : Vu au Boquébière
Musique

Le jour, c’est la nuit : Vu au Boquébière

La première chose que tu vois en entrant au Boquébière: Fab, de Random Recipe (DJ de la soirée), debout sur le zinc, "bounçant" au son de Drop It Like it’s Hot. Snoooooooooop! C’est le dernier polaroid de 2011 que j’apporterai avec moi en 2012, te dis-tu, habité par une innommable certitude (quelque chose comme une foi inaltérable dans les vertus du party comme outil de vivre-ensemble). Quelques pas de danse, une gorgée de rousse de seigle et c’est déjà le décompte, entamé sur scène par lackofsleep: 5, 4, 3, 2, 1, bonne année! Une inconnue te tend une bouteille de champagnette. Tu descends au goulot une longue lampée sucrée et entêtante. Puis, après les embrassades, le concert, du genre de ceux sur lesquels s’échafaudent les histoires à raconter longtemps. Les jeunes refrains ra(va)geurs du groupe-cendrillon de la scène locale en 2011 enfilés les uns en arrière des autres. Buée dans la porte de garage de la microbrasserie qui suffoque, qui déborde. Les questions se bousculent dans ton cerveau. Quand, pour la dernière fois, un groupe sherbrookois a-t-il captivé autant de gens? Quand, pour la dernière fois, un groupe sherbrookois a-t-il manifesté un désir aussi clair de créer pour le plus vaste public, et malgré les périls de la grandiloquence qui menacent, de réels moments de communion? La phrase de Léo te revient, mais à l’envers: avec lackofsleep, le jour, c’est la nuit. Avec lackofsleep, la nuit est un sacerdoce pop auquel jeunes filles douces et gentils garnements adhèrent pour tirer la langue ensemble à l’indécence de l’aube. Lackofsleep est un credo: Nous dormirons quand nous serons morts. Heureusement, ce n’est pas prévu pour 2012.