I.No : Du coeur au ventre
Musique

I.No : Du coeur au ventre

Le groupe I.No nous présente un premier disque à la hauteur de ses ambitions et signe une production solide. Mené par Amélie Nault et Olivier Beaulieu, ce quatuor a tout en main pour se démarquer.

Cela fait maintenant près de trois ans qu’Amélie Nault et Olivier Beaulieu ont trouvé la formule parfaite pour aller de l’avant avec le groupe I.No. Surtout depuis l’arrivée du guitariste Simon Pedneault (ex-Who Are You, et aux côtés de Pascale Picard depuis peu) il y a plus de deux ans. Avec Alexandre Blais, qui complète ce quatuor à la basse, il ne restait au groupe de Québec qu’à se faire remarquer afin de pouvoir saisir l’occasion d’être épaulé par une compagnie de disques.

Aux yeux d’Olivier Beaulieu, batteur et percussionniste, c’est l’arrivée d’Olivier Langevin (Galaxie) dans le giron du groupe qui a tout déclenché, il y a un an. I.No décidait alors de se lancer dans la production d’un premier disque anglophone après la parution d’un EP en 2009, et le musicien-réalisateur est devenu la personne idéale pour mener à terme ce projet. "Il avait déjà entendu parler du groupe et lorsque nous l’avons rencontré à Montréal pour discuter du projet, le courant passait! C’est par la suite qu’Olivier Langevin a fait le relais auprès d’Avalanche Productions (Beast, Elisapie Isaac), et la compagnie de disques montréalaise Vega Musique a suivi par la suite. Nous, on complétait déjà l’album à ce moment, on n’avait plus qu’à s’associer avec eux."

Voici donc I.No entre de bonnes mains et à la veille de sortir Haunted Heart (le 7 février), un premier album à saveur rock et folk qui possède une signature pop non négligeable et où Langevin signe une réalisation somptueuse et raffinée. Le terme art-pop pourrait même s’accorder avec la direction artistique parfois éclectique, où la voix teintée de soul d’Amélie Nault se distingue. D’ailleurs, celle-ci, qui signe la totalité des textes, ne cache pas que le titre de la production représente bien le caractère sombre de certaines de ces 11 pièces. "C’est parfois noir, mais je crois que je suis plutôt sweat dark, précise-t-elle. Je suggère des images, des tableaux. Avec une chanson comme Hibou, ça ne fait aucun doute, tu vois le film qui se déroule devant tes yeux et c’est symbolique. Lorsqu’on écrit, on camoufle aussi certaines choses. Il y a parfois des chansons où l’on pourrait distinguer une forme de douleur à l’âme ou au coeur, mais je trouve que tout ça reste lumineux aussi. L’espoir est toujours là."

Même que les musiciens qui accompagnent l’interprète ont parfois le tour de broder eux-mêmes certaines ambiances folk alambiquées qui pourraient rappeler Tom Waits (Bathtub, pour la rythmique) ou encore PJ Harvey avec Picture Your Face. "Les paroles de cette chanson peuvent être parfois assez dures et même violentes, constate l’interprète, mais c’est avant tout une chanson d’amour. Du moins, c’est comme ça que je la voyais! C’est les gars qui ont décidé d’interpréter cette chanson en tordant les cordes et en créant une tension musicale. Ça fait donc partie de la personnalité du groupe aussi!"

Malgré tout, le caractère lumineux s’affiche sans détour sur Label Me (une pièce accrocheuse qui sera sans doute le premier simple) et aussi Mon chéri, qu’I.No a décidé d’interpréter en version acoustique sur l’album. "Celle-là, c’est la première qu’on a fait entendre à Olivier Langevin, se rappelle Olivier Beaulieu. Nous avions fait un enregistrement vidéo pour le Festival Off de Québec. En spectacle, c’était plus rock, mais Langevin a insisté pour qu’on garde cette signature acoustique. […] Et il y aussi H.H. Blues qu’il nous a persuadés de garder sur l’album. Selon lui, il fallait un blues sur le disque et celle-là convenait parfaitement!"

"C’est même la seule qu’on ne répète jamais en local, seulement pour être sûrs de la jouer le plus spontanément possible. Sur scène, on se laisse aller sans trop savoir comment cette chanson va se terminer, je ne sais même pas si je chante les bonnes paroles!" ajoute Amélie Nault à la blague.

Avec ce premier disque, I.No semble prêt à tout, même à s’exporter vers l’Europe et le Canada anglais dès l’automne, après avoir posé quelques balises fondamentales au Québec au cours des prochains mois. Avec une production anglophone de ce calibre, tout est possible.

I.No
Haunted Hearts
(Vega Musique)

En magasin le 7 février