Dany Placard : Spontanéité et « petites affaires magiques »
Le prolifique Dany Placard a des projets plein les tiroirs. Ou plutôt plein les placards. Incursion dans l’univers d’un hyperactif musical.
On peut dire qu’après huit albums, l’homme-orchestre sait où il s’en va. "Placard a pris 10 mois à enregistrer. Je n’ai plus envie de mettre autant de temps sur un album", lance Dany Placard à propos de la création de son dernier disque. Lorsque le processus est trop long, l’auteur-compositeur-interprète ne se sent plus en phase avec son projet. "Et aussi… je vieillis!" laisse-t-il tomber.
En 2010, les sonorités plus pop et rock de l’album Placard avaient surpris, et l’auteur avoue que cet ouvrage avait trop été pensé pour la radio. "Ça n’a rien donné, donc je me suis dit que c’était la dernière fois. Il faut que je continue à faire ce que j’ai toujours fait", affirme-t-il. C’est-à-dire faire les choses spontanément. "Quand tu écris une toune et que ça fait 10 fois que tu la joues, tu ne l’entends plus. C’est comme travailler à la chaîne dans une usine", compare-t-il.
Et la spontanéité amène souvent des "affaires magiques": une note de guitare imprévue, un petit accrochage sympathique. Un processus bien personnel pour l’artiste. "Je vis davantage les trucs que je vais écrire en une heure. C’est moins d’acquis, plus de création que lorsque tu joues sur le radar. Juste du feeling. Si on connait trop la pièce, ça devient un peu aseptisé."
C’est donc l’approche qu’il prévoit adopter pour ses projets futurs. Le musicien achève déjà un autre disque, un peu plus personnel celui-là, à saveur folk minimaliste. Il caresse aussi l’idée de sortir un album gospel (!). "Un peu comme des prisonniers qui travaillent sur une track de chemin de fer et qui chantent en même temps. Quelque chose de lent, de percussif, avec neuf musiciens. J’entends un vieux drum électronique des années 80, raconte-t-il. J’ai plein de maquettes, de bouts de chansons, d’idées de textes, plein de patentes. On va se taper une fin de semaine pour enregistrer ça."
En attendant que le tout se concrétise, il tourne avec Guillaume Bourque (pedal steel) dans une formule duo qui lui plaît bien. "C’est plus malléable. Guillaume me suit et je peux faire n’importe quoi. M’arrêter au beau milieu d’une chanson si je veux. J’ai pas quatre gars qui attendent sur la scène", lance-t-il. Il revisite son matériel, allant jusqu’à piger dans le répertoire de son ancienne formation, Plywood 3/4.