Les Indispensables : Dans la rue
Bien qu’elle se fasse discrète dans le paysage musical du 02, la scène hip-hop existe bel et bien. Le nouveau Street Album de la formation Les Indispensables témoigne d’ailleurs d’un courant à surveiller sérieusement dans la région.
D’origine libanaise, Bilal, membre du groupe hip-hop Les Indispensables, a fait son chemin dans le monde du rap pendant de nombreuses années à Montréal. Maintenant installé au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Bilal a dû s’adapter à une scène locale beaucoup plus modeste que dans le 514. "Quand je suis arrivé ici, je m’attendais à une scène beaucoup plus grosse, mais depuis deux ans, je trouve que ça va mieux. La scène musicale en général commence à être de plus en plus importante."
C’est d’ailleurs en réponse à la difficulté d’établir un noyau dur en matière de hip-hop dans la région que Les Indispensables ont produit leur Street Album. "Quand on fait venir des artistes de l’extérieur comme La Fouine ou Soprano, on est capables de remplir des grandes salles, mais quand on organise des shows avec des artistes hip-hop de la scène locale, c’est très rare qu’on va réussir à attirer des publics de 800 personnes. Je ne comprends pas parce qu’il y a une manière d’aller chercher ce monde-là. C’est pour ça qu’on a décidé de lancer ce disque. Il est différent de ce qui se fait d’habitude dans le hip-hop et il est accessible à tout le monde."
Étonnamment, le Street Album des Indispensables nous fait voyager à travers différents courants musicaux. Une chanson nous plonge directement dans des beats très old school, tandis qu’une autre pièce nous servira des échantillonnages d’Hier encore d’Aznavour. De toute évidence, les gars des Indispensables laissent peu de choses au hasard quant à la production de leurs tracks. "C’est un album constitué de morceaux qu’on a accumulés au cours des dernières années, mais il y a aussi plusieurs pièces sur lesquelles on a travaillé récemment. On a quand même retouché toutes les chansons afin de leur donner une meilleure qualité. Avec ce disque, on veut montrer aux différents labels qu’on est sérieux dans notre démarche. On veut aussi que les gens sachent qu’on est capables de traiter de sujets qui reflètent ce que chacun des membres du groupe est dans la vraie vie."
Bien entendu, des sujets frivoles sont abordés tout au long de ce Street Album, mais on a aussi droit à certains morceaux qui traitent de sujets plus difficiles. Le thème du deuil revient notamment à quelques reprises. "C’est sûr que ce n’est pas toujours évident de livrer des textes personnels comme ça. On a tous déjà eu nos problèmes dans la vie, et souvent, en les exposant dans nos chansons, on se rend compte qu’ils rejoignent beaucoup d’auditeurs. Ce sont des choses dont les gens n’ont pas la force de parler dans leur quotidien."
À l’opposé total de l’industrie musicale qui mise désormais essentiellement sur la mise en marché en format numérique, Les Indispensables tiennent mordicus à conserver le rapport humain pour ce qui est de la distribution de leur disque. "Pour l’instant, on va seulement le vendre en show, car c’est important pour nous de garder un contact direct avec nos fans. Je préfère que ça se fasse de mains en mains. Peut-être qu’on le mettra un jour en ligne, mais il y aura probablement des pièces qui seront exclusives à la version physique."
Au cours des prochains mois, la bande formée d’O-Max, SmD, Teh Crack et Bilal travaillera déjà sur un mixtape qui donnera un aperçu d’un nouvel album dont la sortie est espérée d’ici la fin 2012.
Le hip-hop réussira-t-il enfin à se tailler une place considérable au sein de la scène locale? On est bien tenté d’y croire.