Creature : Retour de la bête
Underground et accrocheur. Rock et disco. Punk et électro. Au diable les conventions, le groupe montréalais Creature n’est jamais tout blanc, tout noir. Incursion en zone grise avec la claviériste Lisa Iwanycki.
Marjolaine Arcand
Photo : Richard YouGottaLove
"Pour nous, le mot creature ne peut pas "fitter" dans une catégorie. En fait, on a toujours été à l’aise de se retrouver entre les catégories", affirme Lisa, qui peine même à qualifier le genre. "Je ne sais pas… I guess électro-pop-punk?" lance-t-elle sur un ton interrogateur.
À la base, Creature est composé de Lisa Iwanycki (claviers, percussions, voix), Kim Ho (guitares, voix) et Sid-Z (drum, voix). "Ça fonctionne super bien comme ça. On collabore en démocratie. Il y a toujours une personne qui peut trancher." Depuis le premier album, No Sleep at All (2008), la créature s’est métamorphosée et s’apprête à lancer sa deuxième galette.
Prévu pour le printemps ("il arrivera quand il arrivera", précise Lisa), Sick Imagination aura un petit côté dark et edgy qu’on ne retrouve pas sur No Sleep at All. "On dirait qu’on a oublié d’exprimer ce côté-là dans notre premier album. Là, c’est un mix parfait. Ça sonne Creature, mais plus élevé", compare la musicienne, qui croit que le précédent effort comportait de petites erreurs. "Ça a été produit dans un garage de Hochelaga. On avait oublié de mettre certains micros. Depuis, j’ai beaucoup observé, j’ai grandi sur le plan de la poésie, j’ai digéré les mots. Puis, le son est plus mature, avec des accords mineurs, des paroles plus tristes, plus twistées."
CRÉATURE DE RÊVE
Cette fois-ci, l’album a été enregistré en Angleterre avec le légendaire producteur Stephen Hague (Pet Shop Boys, New Order, Peter Gabriel).
"On a choisi notre producer de rêve et on lui a envoyé notre démo. Sa secrétaire avait comme 100 disques sur son bureau et elle a écouté le nôtre. On n’a même pas utilisé de gérant, on est super chanceux", raconte celle qui est aussi claviériste pour Ariane Moffatt. Coup de bol ou pas, ils ont tout de même bûché dur. "On a passé deux mois là-bas. On a travaillé super fort, entre 12 et 16 heures par jour. Stephen nous a aidés à devenir de meilleurs compositeurs."
Le groupe a enregistré aux SARM Studios, qui ont vu passer entre leurs murs les Led Zeppelin, Bob Marley et Stevie Wonder. "Wow, c’était un rêve. Il y a toute une histoire culturelle là!"
BÊTES DE SCÈNE
Pour les spectacles, la formation engage d’autres musiciens, dont la claviériste Sheenah (Barenaked Ladies) et le bassiste Ghyslain Chartier (Xavier Caféïne). "Moi, je veux faire ma Iggy Pop sur scène, je veux m’exprimer. Et je ne veux pas peser sur un piton pour faire jouer des backing tracks parce qu’on a beaucoup d’étages de synthé", explique celle qui se fait appeler CowBella. "Sheenah est super bonne sur scène, et Ghyslain, il groove fort, fort, fort! On a trouvé un super line-up et on est fiers", soulève une Lisa excitée par cette collaboration et par la chimie artistique et créative qui en résulte.
"On est des monstres sur scène, on est vivants. On joue ensemble. On ne travaille pas la musique, on la joue et on l’exprime." Bref, "ça torche", résume-t-elle, tout simplement.
La formation endiablée a d’ailleurs été invitée à célébrer le nombre de la Bête au Trou du Diable, puisqu’en cette année apocalyptique, la microbrasserie shawiniganaise fête son "6-6-6e" anniversaire. Creature sera donc de la partie et projette d’y vendre, en primeur, son nouveau EP prévu pour février.