Salomé Leclerc : Souffle sur la mélancolie
Musique

Salomé Leclerc : Souffle sur la mélancolie

Salomé Leclerc nous présentait l’album Sous les arbres l’automne dernier et nous revient aujourd’hui avec un nouveau spectacle. En formule trio, elle donnera libre cours à la  mélancolie.

Le caractère mélancolique qui porte l’album Sous les arbres de Salomé Leclerc nous a marqué lors de sa sortie l’automne dernier. Cette auteure-compositrice-interprète aime la poésie sombre et ses vers semblent être un exutoire bénéfique pour l’artiste, qui se montre très souriante au téléphone. Pour elle, la mélancolie est un terreau fertile, et le résultat est concluant. Avec sa voix posée et parfois rugueuse, ses chansons coulent de source et s’affichent avec aplomb dans un décor musical folk. "C’est assez sombre, on peut dire ça! acquiesce-t-elle en riant. C’est ce type de sujets qui m’inspire et c’est une porte de sortie pour les idées noires. J’évacue ces sentiments et ça me fait du bien."

À la guitare électrique, avec son doigté caractéristique, elle campe ses histoires où les épreuves sont mises à nu, où l’existence fait les comptes et où les liaisons sont soumises au tribunal de la conscience. Tout ça avec de beaux climax qui viennent soutenir une tension émotive toujours propice à la renaissance, comme on peut l’entendre sur la chanson Noir sur fond blanc. Rien d’hystérique, loin de là, l’interprète use plutôt de sa voix avec intelligence et ignore les vocalises abstraites. Le grain de sa voix suffit. "Le petit son rocailleux! souligne-t-elle, amusée. On me le dit souvent et les gens remarquent ça lors des spectacles."

"Mon jeu à la guitare influence mon écriture et le ton des chansons aussi. J’ai appris avec une guitare acoustique et lorsque je suis passée à l’électrique, j’ai tout simplement transposé la même façon de jouer, c’est-à-dire un doigté en faisant des accords arpégés. C’est une couleur particulière et j’aime m’amuser avec ces sonorités. Les arrangements s’ajoutent à ça, je joue avec les harmoniques et ça marche bien. Mais j’aime aussi l’instrumentation, dont les cuivres et le trombone, qu’on peut entendre sur au moins cinq ou six chansons, comme La prairie, Love naïve love et Nos jours."

Salomé Leclerc avait des idées précises pour cette première production et elle comptait bien s’impliquer à fond dans le processus lorsqu’elle a fait appel aux services d’Émilie Loizeau pour l’épauler. "C’était le premier disque qu’elle réalisait pour quelqu’un d’autre. Elle m’a dit qu’elle acceptait d’y collaborer car elle était sûre que je savais où je m’en allais. Dès le départ, elle s’est fiée au travail que j’avais fait et puis ses musiciens se sont greffés au projet en France. Dans ces conditions, elle était à l’aise, et moi j’avais tout l’espace voulu pour m’exprimer."

Mais surtout, l’artiste semble avoir assimilé avec soin toutes les influences musicales qu’elle décline au passage: Ferland (Jaune), Cat Power, PJ Harvey et Noir Désir, dont elle reprend en spectacle la chanson Le vent nous portera. "J’ai été marquée par l’album Des visages des figures. La semaine dernière, j’ai reçu un mot d’une femme qui disait avoir été très déçue et offusquée que j’interprète une chanson de Noir Désir à Belle et Bum, à cause des événements tragiques qui sont survenus dans la vie de Bertrand Cantat. J’y ai réfléchi et je comprends que les gens soient choqués par ce drame, mais dans la vie je fais de la musique et je ne peux pas nier que cette chanson me touche. Malgré tout, il y a encore du beau dans cette oeuvre."