Coeur de pirate : Entendu au Théâtre Granada
Totale transparence: j’ai passé tout le concert de Coeur de pirate, samedi au Granada, à me demander comment une fille aussi inoffensive pouvait déclencher un tel déchaînement de médisance, de fiel et d’agressivité. Les mines compatissantes qu’on me servait en journée lorsque j’annonçais devoir assister au concert de Béatrice Martin en dévoilent peut-être plus long sur le genre de cyniques que je fréquente (et dont je suis) que sur la musicienne, vous direz. Je vous répliquerai que j’ai la ferme intuition qu’il ne s’agit pas que de dédain branchouille, que les reproches précis dans lesquels les ennemis de miss Pirate enrobent leurs accès de détestation (sa prononciation chuintante, ses textes un brin abscons, ses récentes photos de soubrette glamourisée) recouvrent une hostilité profondément ancrée que j’aimerais m’expliquer. Je conçois qu’on abhorre Nickelback comme symbole du rock javellisé ou Marie-Élaine Thibert comme symbole de la grandiloquence matantisée. Mais abhorrer Coeur de pirate comme symbole de quoi? De la candeur? De la confusion sentimentale adulescente? De la pop de bon goût?
J’aime à penser que mes amis auraient ravalé leur venin, samedi, devant une Béatrice Martin charmante, parfois vulnérable et sincèrement émue de retrouver une foule aussi imposante. Est-ce à dire que j’ai passé une merveilleuse soirée? Minute mammouth. J’ai passé une soirée correcte, dans la mesure où la chanteuse a quelques très bons morceaux (irrésistible Ava) et des musiciens d’une compétence soufflante. Rien pour appeler sa mère. Rien non plus qui justifierait qu’on descende la "blonde" en flammes.
Le 7 avril, Coeur de Pirate sera de retour en Estrie, au Vieux Clocher de Magog.