Patrice Michaud : Le récit d'une chanson
Musique

Patrice Michaud : Le récit d’une chanson

Patrice Michaud trimballe son spectacle avec conviction. L’auteur-compositeur-interprète fait sa trail à coups de chansons et de récits qu’il incarne avec brio.

Lorsqu’on écoute l’album Le triangle des Bermudes de Patrice Michaud, on constate rapidement que l’auteur-compositeur-interprète natif de Cap-Chat en Gaspésie aime bien les récits qui prennent souche dans le quotidien et qui s’exposent dans la symbolique populaire. Il est folk et ses chansons sont autant musique que contes urbains. Lorsqu’il nous parle de son métier, il avoue avoir trimé selon les principes de la vieille école de la chanson, c’est-à-dire avec une guitare, quelques chansons dans son calepin, et sur scène. Alors que tous les nouveaux venus s’obstinent à produire une maquette ou un EP en guise d’introduction, Michaud, lui, voulait être en contact avec le monde et chanter (ou conter) ses histoires.

"Pour moi, ç’a été la scène en premier, précise-t-il. Tu as l’occasion de proposer ton travail directement aux gens, tu peux voir ce qui marche ou pas. Mais surtout, tu te confrontes à toi-même et tu décides si ça te tente de faire ce métier. Il faut que ce soit clair entre tes deux oreilles. Le doute ne nous lâche pas. Alors il faut savoir jongler avec." Il semble avoir trouvé la solution pour apprivoiser ce doute qui tenaille la plupart des artistes. Depuis 2008, Patrice Michaud s’est démarqué successivement au Festival en chanson de Petite-Vallée, au Festival international de la chanson de Granby (lauréat en 2009), au ROSEQ et à la Bourse RIDEAU. Un parcours sans faute qui nous montre qu’il a choisi sa trail sans regarder en arrière.

L’expérience à Granby lui a même donné l’occasion de croiser la route de David Brunet (réalisateur pour Daniel Boucher, Tricot Machine et Coeur de pirate), qui s’est retrouvé à ses côtés en studio pour franchir l’étape cruciale du premier album. "Lorsque je me suis rendu en finale à Granby, j’avais décidé de me présenter seul sur scène avec un guitariste et de ne pas jouer avec le house band qui était dirigé par David Brunet. Lorsque j’ai entendu le groupe avec les autres finalistes, j’ai tout de suite dit à David qu’on allait se croiser dans le futur! C’est un musicien et un mélomane assez unique. On a écouté beaucoup de musique en faisant l’album. Il est capable d’entendre des affaires dans certains mixes d’albums qui sont à des kilomètres de mes oreilles. C’est quelqu’un de dévoué, qui a le souci du détail. Son empreinte est sur le disque, mais il ne l’impose pas à l’artiste."

Avouant avoir découvert les grands classiques du folk sur le tard, Michaud a embrassé le genre musical sans compromis. Il aime la simplicité et la facture acoustique nord-américaine du style, ainsi que l’aura de franchise qui accompagne cette musique. "C’est sans doute pour ça que ça traverse les époques. C’est une musique populaire, très étendue et sans âge. Parfois ça groove, des fois c’est vaporeux ou plus ambiant, et d’autres fois c’est tout simple." Un style qui s’accorde parfaitement au conteur qui réside en lui et qui s’exprime avec brio en spectacle. "J’aime la "vieille" idée d’un spectacle, celle de faire un show qui est différent de la télévision et de ce qu’on vit au quotidien. Les histoires que je conte entre les chansons, c’est le mortier entre les briques. Ça forme un tout. J’ai toujours trop parlé, alors il a fallu que j’organise ça un peu!"