Richard Séguin : Pulsion folk
Accompagné de deux guitaristes, Richard Séguin transporte ses Appalaches en concert.
"Le train va passer une fois."L’avertissement de Richard Séguin concerne sa présente tournée. Celle-ci sera brève. Chaque concert relève donc du précieux, et le public se pointe nombreux au rendez-vous. "Ce n’est pas évident ces temps-ci pour la chanson. Quand on arrive dans une salle et qu’il y a du monde, c’est un privilège."
Sur scène, Séguin s’entoure d’Hugo Perreault et de Simon Godin afin de recréer sa collection d’harmonies de guitares, l’une des richesses de son dernier opus. "À partir d’Appalaches, on a exploré comment aborder les autres chansons comme L’ange vagabond, qui a déjà 25 ans. Je ne dirais pas que c’est une relecture. Tout s’est fait naturellement." Même scénario quant à la mise en scène de Michel Faubert. "Je le voyais aller dans les Hommes rapaillés; il amenait toujours quelque chose de pertinent quant au pacing, aux façons d’agencer les chansons. Quand je lui ai demandé de jeter un oeil sur mon show, il est arrivé avec des propositions surprenantes. J’avais tendance à voir le spectacle comme un road movie. Lui, il m’a fait voir ça comme des tableaux détachés." Il y a ceux de colère, et ceux d’espoir. "La colère, c’est bon. C’est le premier mouvement de l’indignation. Mais juste la colère, ça ne va nulle part. Dans mon cas, ça débouche sur des mots."
Il poursuit: "Avant, je voulais de grands changements, et que ça se fasse vite. Aujourd’hui, je vois l’espoir dans les petits gestes."
Alors que Bruce Springsteen mise sur la désinvolture du rock sur son nouvel album, le "Boss du Québec" n’a pas l’intention de dériver de sa trajectoire folk. "Dans le rock, il y a souvent une pulsion juvénile qui n’est pas assez nuancée. J’aime de plus en plus ce que le folk m’apporte. Dans la façon de dire les choses, je me sens davantage en accord avec cette énergie."
Et puisque les tournées façonnent les créations à venir, le prochain disque sera en continuité avec ce qui a été amorcé. Mais avant d’en arriver là, Séguin sortira à l’automne un coffret soulignant ses 40 ans de carrière. On pourrait également parler de 40 ans de lutte. "Toutes les politiques de Harper viennent me chercher. Je n’en reviens pas du recul qu’on est en train de subir. On se reconnaît tellement peu là-dedans. C’est aux antipodes de nos valeurs. Je suis surpris que le Québec n’ait pas envie de faire le pays tout de suite."