Union General : Finie la retraite
Stéphane Messier présente Union General.
On savait Stéphane Messier mélomane pour avoir eu quelques passionnantes discussions avec lui; nommez n’importe quel groupe de la vaste histoire du rock et il lui vient à l’esprit une observation éclairée ou une remarque hilarante. On savait évidemment beatlemaniaque celui qui a tenu pendant plus de 10 ans à CFLX la barre de Beatles inc., émission consacrée aux p’tits gars de Liverpool. Mais on ne savait pas Messier musicien. "J’avais "pris ma retraite", pour ainsi dire, après mes études en musique, explique-t-il. C’est Tony Lofi qui, en se souvenant que j’avais un jour acheté une basse, ce que j’avais fait parce qu’elle ressemblait à celle de Paul McCartney, m’a demandé de joindre Les Bébés Requins [aujourd’hui défunts]. Je n’avais jamais vraiment joué de basse sérieusement, mais j’ai dit oui."
Ce retour progressif à la vie musicale se transformant rapidement en véritable sortie de retraite, Messier fondera Union General, planche de salut de ses propres compositions, qui fait paraître ces jours-ci un premier album. Treize chansons enregistrées avec l’alignement original de la formation, complété par le guitariste Félix Bouchard (qui se consacre désormais exclusivement à lackofsleep) et le batteur Karl Schmitz – Ève Bonin et Johann Schmitz sont maintenant aussi de l’aventure. Un disque faisant foi de l’affection de Messier pour une pop classique pétrie de mélodies infectieuses (Find Somebody (to Be with You)), qu’enluminent d’ambitieuses harmonies vocales et des claviers dignes des Animals. Rien de servilement mimétique cependant. "On n’a jamais voulu faire un pastiche, on ne se déguise pas. Bien sûr, certains claviers évoquent une autre époque. Bien sûr, si on les cherche, on va reconnaître des éléments beatlesques. Pourtant, j’ai essayé de m’en éloigner. J’écoutais surtout pendant l’écriture The Zombies ou des artistes plus contemporains comme Elliott Smith ou Ben Folds."
Évitons donc d’affubler cette power pop astucieusement modelée par le mixage d’Étienne Chan Kane (The Sound of Sea Animals) de l’épidémique étiquette "vintage". Et ce, malgré le coup de pouce notable d’un éminent membre de la royauté rock. "Sur les premiers démos, j’utilisais le bout de batterie du début de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (Reprise), que je passais en boucle." Qui a dit que Ringo était inutile?