Jimmy Hunt : Le rock, c'est la santé
Musique

Jimmy Hunt : Le rock, c’est la santé

Jimmy Hunt médite sur la vie d’artiste et vagabonde dans ses souvenirs. Fini les folies, mais pas trop.

Un peu plus d’un an s’est écoulé depuis la parution du deuxième disque solo de Jimmy Hunt, qui lui a valu cet automne de nombreuses nominations à l’ADISQ et des récompenses au GAMIQ. Plus d’un an qu’on réécoute en boucle les Motocross, Pont de glace et autres Everything Crash, séduit par la chaleur de ce folk aussi référencé que rendu personnel par la voix nonchalante du chanteur. Un an que Jimmy Hunt a retrouvé sa Mathilde, celle-là même dont il pleure la perte sur l’album homonyme qui aura tôt fait de ramener la belle à la maison. "Je suis un petit wise, tsé, commente-t-il à la blague. On s’est séparés à une période où j’étais mauvais garçon. Ça m’a fait réfléchir. Aujourd’hui, je mange bien, je lis, j’écoute de la musique et je me lève même avec ma blonde à 7h30. OK, je vais parfois me recoucher quand elle part travailler, mais sinon, j’adore jouer de la guitare le matin."

Titre de la première pièce de son nouveau sept pouces, la Vie normale est devenue le nouvel objectif de Jimmy Hunt. "Je fais référence à devenir un adulte et arrêter de faire certaines bêtises plutôt que de vivre pris dans un 9 à 5. Le problème, c’est que je suis assez instable mentalement. J’ai de nombreux trips éphémères. Je peux me lever avec l’envie démentielle de tout sacrer là: la musique, l’appart, l’amour. Mais je crois que tout le monde a ce genre de pensées, c’est juste pas tout le monde qui passe à l’acte."

Mais comme dans Ça va de soi, une pièce qui a été en lice pour le prix Écho de la SOCAN 2011 et adressée autant à son père qu’à sa propre personne, Hunt se méfie de lui-même, car il est de ceux qui ont les couilles de tout laisser derrière. "Le trip vagabond, je l’ai vécu dès l’adolescence alors que, inspiré par Lead Belly et Woody Guthrie, j’ai quitté la maison familiale de Saint-Nicolas (près de Québec) pour partir sur le pouce en Alaska. Mon but était de sauter sur un train, mais c’est pas mal plus surveillé que dans les années 30. J’ai jamais réussi, mais je suis quand même parti quatre mois. Puis ce fut la Gaspésie, où j’ai vécu un an dans un shack que j’ai moi-même construit sur une terre à bois. Il y a des jours où j’aimerais y retourner."

Cette idée de liberté reviendra lorsqu’on parlera musique, du Français Philippe Katerine en particulier. "Au Québec, si tu fais de la chanson en solo, tu entres dans l’univers des auteurs-compositeurs-interprètes, un monde assez conservateur où il faut respecter certaines règles, comme mettre la voix à l’avant-plan pour être certain qu’on comprenne bien les paroles. Avec Katerine, les règles tombent. Il rappelle que c’est juste de la musique et des mots. À la limite, ça peut être un seul mot qu’il répète pendant toute une chanson. Il s’évade complètement, et je ne veux pas me sentir limité non plus. J’aurai toujours une base folk à cause de mes origines, mais dernièrement, j’ai commencé à travailler avec Christophe Lamarche d’Organ Mood, qui fait dans la musique de synthétiseurs. Qu’on ne s’attende pas à ce que je serve dans la chanson toute ma vie."