Avec pas d'casque : Combustion lente
Musique

Avec pas d’casque : Combustion lente

Avec pas d’casque ose un embellissement de son univers indie folk échancré et intimiste avec Astronomie, un nouvel album aux accents nocturnes.

Il n’y a pas eu de consécration. Pas de hit, pas de tournée triomphale ni de percée à l’étranger. Mais c’est tout de même un peu plus qu’une curiosité, l’apanage de quelques mordus qui ressurgit sur disque cette semaine, trois ans après l’album Dans la nature jusqu’au cou.

Il y a évidemment eu les nominations à l’ADISQ, en 2009. Il y a aussi eu la percée du chanteur et guitariste Stéphane Lafleur comme réalisateur au cinéma (avec Continental, un film sans fusil et En terrains connus).

Mais on parle surtout d’une ferveur. D’une qualité d’écoute en concert. De traces d’inspirations dans l’oeuvre d’une certaine relève (Lafleur, d’ailleurs, signe un texte sur l’album de Fanny Bloom). De petits signes suggérant que le gauche groupe indie folk, discrètement apparu en 2006 avec le manifeste lo-fi Trois chaudières de sang, est désormais une voix d’importance.

Même Lafleur, l’éternel modeste, reconnaît que quelque chose s’est passé. "Dans la nature jusqu’au cou a comme cristallisé quelque chose au niveau de la relation avec le public. Je l’ai senti lors des concerts, je l’ai senti de la part d’autres artistes que je respecte et qui, soudainement, reconnaissaient ce qu’on faisait… On a réalisé qu’on avait désormais le droit de vivre, qu’on n’était plus obligés de juste faire des premières parties", souligne-t-il.

Conséquemment, Avec pas d’casque ose une certaine transformation sur Astronomie, son troisième chapitre. Ou du moins un embellissement. Mathieu Charbonneau (Torngat, The Luyas, Timber Timbre, etc.), qui avait accompagné le groupe au baryton le temps de quelques concerts, l’an dernier, est devenu membre à part entière aux côtés de Joël Vaudreuil (batterie) et Nicolas Moussette (lap steel et basse). Puis, Mark Lawson, ingénieur du son pour Arcade Fire, avec qui Lafleur a fait connaissance lors du montage du documentaire Miroir Noir de Vincent Morisset, a été mandaté pour mixer le nouvel opus, néanmoins autoproduit au même titre que les précédents.

"On aurait pu toujours rester dans le lo-fi, mais on dirait qu’instinctivement, en cherchant à écrire de meilleures chansons, on aspire aussi à un meilleur son, souligne Lafleur. Oui, Mark a amené notre musique une coche plus loin, mais le matériel était là, les arrangements plus étoffés étaient là. Tout était en place pour que ça se passe", indique-t-il.

Une fois qu’on sait qui y a oeuvré, Astronomie épate d’autant plus par son sens de l’identité. En dépit d’une couche de poli additionnelle, Avec pas d’casque y demeure fondamentalement lui-même: économe, intimiste et humble comme au premier jour. "Il a fallu retenir Mark, lui rappeler qu’on n’est pas les autres groupes qu’il a mixés. J’ai hurlé quand j’ai entendu ma voix pleine de reverb! J’avais l’impression d’être Sting!" ricane le poète.

Au coeur de l’opus: un thème nocturne, une prémisse vague survenue après un passage dans une maison de la culture où le groupe est tombé nez à nez avec un collage portant la mention "Astronomie". "Comme ça a été le cas pour Dans la nature jusqu’au cou, le titre a été décidé avant même qu’on ait les tounes. Des pièces sont venues s’y greffer, les textes ont pris une certaine couleur, tout le travail visuel de Joël (ndlr: qui conçoit les pochettes) s’en est inspiré et, en retour, ça a inspiré quelques autres pièces… Une drôle d’affaire pas trop planifiée", explique Lafleur.

"Je n’ai pas absolument besoin d’un thème pour écrire, mais je ne déteste pas l’idée qu’il y ait un cadre à tout ça, une espèce d’homogénéité, une cohérence dans le rythme et dans le ton. On dirait que ça nourrit tout le monde", poursuit-il. En résulte, selon lui, une série de "confidences sous les étoiles": "C’est l’infini des possibilités. C’est la petitesse de ce qu’on est versus l’immensité de l’univers. L’éternelle question du "Qui suis-je? Où vais-je? Quelle est ma place dans l’univers?". C’est beaucoup de conversations écrites au "je"."

Effort apparemment plus collectif, Astronomie voit également Lafleur épurer son caractéristique sens de l’image, teinte dominante dans ses chansons comme dans ses films. "À nos débuts, il y avait plus une manie de nommer des lieux, des objets communs. C’est encore présent, mais c’est davantage au service de quelque chose, je crois. Il y a moins de recherche de la métaphore. Intuition #1, c’est très simple. Deux colleys, c’est juste quatre lignes. Autant en musique qu’au cinéma, je pense que je vise de plus en plus la simplicité, le dépouillement. Il s’agit de nommer LA bonne affaire, trouver les quatre bonnes lignes et savoir s’arrêter."

Avec pas d’casque
Astronomie
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