The Men : De garçons à hommes
Prendre son temps est devenu une stratégie payante pour la formation rock brooklynoise The Men.
Formation rock explosive, The Men est sorti de nulle part l’été dernier avec Leave Home, un album saisissant mené par des riffs de guitare gargantuesques. Neuf mois plus tard, revoici le quatuor avec Open Your Heart, un disque démontrant le penchant plus mélodique des membres et leur envie d’explorer une palette sonore plus étoffée. Si plusieurs personnalités se complètent aujourd’hui au sein du combo de Brooklyn, l’aventure The Men a débuté il y a quelques années sous la forme d’un duo.
"Nous avons fondé le groupe à l’été 2008 et sommes devenus un trio six mois plus tard", explique Mark Perro qui tenait d’abord les baguettes avant de les troquer contre une six cordes. "Après un an et demi, Rich Samis (le batteur actuel) a grossi les rangs et nous sommes depuis un quatuor. Je crois que l’intention était de rendre le son toujours plus imposant."
Les deux disques parus sous l’influente étiquette Sacred Bones ne sont toutefois pas les premiers enregistrements de la formation. À notre époque où lancer une première chanson sur le web peut propulser des carrières, il est rafraîchissant de voir un groupe bosser fort et peaufiner son art avant d’être catapulté à l’avant-scène. Pour The Men, cette quête inclut des années de concerts, deux autres albums sortis de manière indépendante, un 7 pouces et même quelques cassettes.
"Nous étions encore un duo au moment de lancer notre première cassette, raconte Perro. Nous avions acheté un paquet de cassettes dans un magasin d’occasion et nous avons enregistré par-dessus ce qui s’y trouvait au départ. Nous avons produit 30 exemplaires que nous avons donnés aux amis."
The Men semble avoir essayé toutes les combinaisons de styles possibles, du shoegaze au black métal, en passant par le surf instrumental et le krautrock. Sur le nouveau disque, le groupe s’adonne même à la ballade acoustique et au Southern rock. Le fil est maintenu grâce à une esthétique sonore portée sur les riffs plus grands que nature à la Dinosaur Jr., Hüsker Dü et autres légendes des années 80 et 90.
"Avec trois compositeurs dans le groupe, notre bassin d’idées est éclectique, confie le chanteur-guitariste Nick Chiericozzi. Si j’écris un truc, Mark peut arriver avec une petite pincée de sel qui va complètement transformer la chanson. Généralement, on partage nos idées autour de la guitare acoustique, puis on les apporte en répétition. Le travail de composition ne prend souvent que 15 minutes, et tout le monde se sent concerné."
Après une longue série de concerts autour du globe, le groupe est de retour en sol américain pour une tournée qui s’arrêtera cette semaine à Montréal. The Men retournera ensuite en Europe pour vivre pleinement la saison des festivals. Pas question de ménager les efforts.
"Mark possède une luxueuse fourgonnette familiale, alors la route ne nous fait pas peur, commente Chiericozzi. En Europe, nous avions ce type, Jonas de la Belgique, pour nous conduire un peu partout. Nous y avons passé 40 jours. C’était un peu long, mais nous souhaitons mener l’aventure le plus loin possible."