Kristina Maria : Le monde fait pop!

"Je suis nerveuse", avoue sciemment Kristina Maria, née Chaloub, derrière ses verres fumés qu’on devine griffés. Pourtant loin de dégager une quelconque réticence par rapport à l’entrevue à laquelle Voir l’a conviée, l’aspirante pop star prendra place face à son interlocuteur pour ensuite se confondre en excuses. "Tu me pardonneras, avancera-t-elle, mais j’suis une vraie Franco-Ontarienne, et j’ai comme perdu mon français, ça va sans doute sonner tout croche." Son français, ponctué çà et là d’anglais, se révèle charmant. "Make me look smart", exhorte cette dernière, narquoise.

C’est sans doute cette personnalité, doublée d’un solide démo, qui a ébloui Vito Luprano, l’ex-bonze du A&R de Sony Music Canada, au point de l’amener à quitter la cadence trop pantouflarde de sa préretraite et à mettre sur-le-champ la nouvelle ingénue pop sous contrat. "J’en suis consciente; c’était une question de timing. Quand j’ai rencontré Vito, ça a cliqué tout de suite. Moi, je capotais. Il a lancé la carrière de CÉLINE!"

En quelques jours, Luprano lui avait déjà booké du temps de studio à Saint-Martin avec Aldo Nova. Ainsi s’est amorcé le voyage qui mènera la jeune chanteuse à travers le monde, une quête ponctuée de rencontres avec une poignée des plus grands noms de la pop. Des collaborations qui, dans certains cas, se sont transformées en amitiés sincères, comme celle avec le réalisateur suédois Kristian Lundin (N’Sync, Backstreet Boys), avec qui la chanteuse a composé Let’s Play, le premier simple de Tell the World. "I went platinum with it", dixit la chanteuse à propos du hit radio on ne peut plus distinctement sexuel. "À la base, Kristian disait que ça allait être une chanson d’amour. Puis, il m’a demandé quelque chose de plus risqué, et c’est ensemble qu’on est arrivés à suggérer la chose. C’est fait de façon très clever."

Avec lui, d’autres titres de Tell the World ont été composés, dont la sautillante Co-Pilot, qui l’a fait connaître sur les radios francophones en duo avec Corneille. "Corneille est notre carte de visite pour l’Europe", soutient la chanteuse en ajoutant avoir signé un contrat de distribution pour le simple en France et en Belgique.

Our Song Comes On, récent simple radio aux saveurs dance des années 90, porte la signature du légendaire Billy Steinberg (Céline, Madonna, Whitney). "Billy est juste crazy! À cette époque, j’avais les doigts qui me démangeaient – je suis une auteure, d’abord et avant tout -, souligne-t-elle. Ça faisait plusieurs semaines qu’on n’avait rien fait. J’ai supplié Vito qu’il me trouve un partenaire d’écriture. En un tournemain, il m’a fait rencontrer Billy, avec qui on a fait Our Song."

De ses nombreux voyages en Suède, planète pop s’il en est, Maria récoltera quelques morceaux, dont la chanson-titre, pour ainsi dire enlevée à ses compositrices, les soeurs Nervo. "On était en studio quand Vito et moi avons entendu un bon beat. On l’a suivi, moi j’suis une house fan. C’était les Nervo Twins qui composaient une chanson qui s’appelait I Wanna Tell the World. Je leur ai dit: "Is this MY song?" Je pense que cette toune-là avait été pressentie pour Kelly Rowland. Pas mal, non?"

S’il est vrai que la jolie demoiselle est loin d’être la seule à zieuter le sommet des palmarès canadiens avec sa dance pop saccharinée, la chanteuse de 22 ans fait montre d’humilité et affirme: "Oui, c’est vrai que mon album est dans la lignée de Britney et de Rihanna. Mais le simple fait de toucher les gens de la façon que ces chanteuses-là peuvent le faire, c’est tout ce que je recherche."

Elle hésite, puis avance: "Ce que je fais ne sonne comme personne présentement. C’est différent. C’est original. C’est pop. Mais c’est 100% moi."

Et, en terminant, la clé qui lui a permis d’ouvrir ces nombreuses portes? "I guess que je suis "amicable", c’est comme ça qu’on dit?"

Tell the World
(Fontana)
En vente le 10 avril