Kurt Weill – Cabaret brise-jour et autres manivelles : La vie ailleurs, au présent
Musique

Kurt Weill – Cabaret brise-jour et autres manivelles : La vie ailleurs, au présent

Après Tom Waits, L’Orchestre d’hommes-orchestres joue avec l’oeuvre de Kurt Weill. Le collectif réinvente la formule cabaret avec une production audacieuse où l’existence devient le principal personnage.

On s’en doutait, avec Kurt Weill – Cabaret brise-jour et autres manivelles, L’Orchestre d’hommes-orchestres est loin de nous proposer un hommage conventionnel au compositeur du ballet chanté Les sept péchés capitaux. Ces artistes polyvalents (Bruno Bouchard, Jasmin Cloutier, Simon Drouin, Simon Elmaleh, Lyne Goulet, Philippe Lessard Drolet, Danya Ortmann) sont allergiques aux lectures musicales traditionnelles. Le spectacle conçu autour de l’oeuvre de Tom Waits nous l’a confirmé.

Même si l’univers musical parfois cabaret du compositeur juif allemand correspond à la direction artistique inventive du collectif iconoclaste, Bruno Bouchard nous précise qu’il n’était pas question de reconstituer une époque. "La conception de ce spectacle ressemble à celle pour Tom Waits, indique Bruno Bouchard. On a étudié l’oeuvre et la vie du compositeur, on a mis les pièces dans un grand boulier et on a construit à partir des résultats. Au final, on ajoute la personnalité de LODHO et tout se réinvente."

Kurt Weill (1900-1950) est non seulement un compositeur avant-gardiste de prédilection pour LODHO, mais les auteurs avec lesquels il a travaillé (Bertolt Brecht, Jacques Deval) donnent au spectacle un caractère existentiel. "Avec ces chansons, l’ennui est palpable, constate Bruno Bouchard. Il y a de l’humour noir, parfois c’est rigolo, et d’autres fois ça peut devenir grotesque. C’est expressionniste et les mots [français, anglais et allemands] sont porteurs de sens. C’est troublant et c’est encore d’actualité."

À cela s’ajoutent quelques instruments inventés qui agrémentent ces tableaux qui nous sont proposés. Visuellement et musicalement, le résultat est éclectique, insolite et intemporel. "C’est un compositeur audacieux, souligne Simon Elmaleh. On a tout de même respecté les procédés harmoniques de certaines pièces [Le requiem berlinois], mais d’autres fois on intègre aux interprétations une touche tri-hop ou même afrobeat. Pour nous, ça reste une matière musicale vivante qui peut se transformer."

"On ne voulait pas se limiter aux standards et on a tout fait pour passer à côté de L’opéra de quat’sous. Avec ce spectacle, chacun des membres de l’orchestre est amené à prendre la parole avec une chanson dans un décor particulier. J’ai l’impression qu’avec cette mise en scène, les gens pourront écrire leur propre scénario. C’est ce genre de liberté qu’on veut offrir", conclut Bruno Bouchard.