Musique

Francis d’Octobre : Après le deuil

La bête fragile que semblait être Francis d’Octobre au moment d’écrire son premier album n’est plus. Rencontre avec un artiste qui a envie de se mettre sur la corde raide.

Son premier album, Ma bête fragile, l’a dépeint comme un poète sensible légèrement mélancolique. "Ce n’était pas nécessairement joyeux. C’était même un peu tourmenté comme matériel. C’est peut-être la trentaine", rigole l’auteur-compositeur-interprète Francis d’Octobre, actuellement sur les derniers miles de sa tournée.

Après avoir coréalisé son premier disque, l’artiste a cette fois envie de déléguer le côté technique. "C’était un beau trip et je suis content de ce qui a été fait, mais j’ai envie de me concentrer sur ma musique et mes textes."

S’il a déjà en poche tout le matériel nécessaire pour créer un deuxième album, le Drummondvillois d’origine compte profiter de l’été pour écrire davantage. Des trucs plus "happy", comme il le dit. "Écrire est pour moi un exutoire et c’est un besoin qui se fait plus sentir lorsque je suis triste que joyeux. Quand je suis heureux, je fais moins d’introspection."

Une vieille habitude qu’il entend bien chasser. "En bout de ligne, c’est un piège, car ce n’est pas seulement cette énergie-là qui permet de créer. Je veux sortir de mes repères." Pour Francis d’Octobre, une dose de risque est essentielle. "Il ne faut pas avoir peur de se mettre dans l’eau chaude. Ça évite de devenir pantouflard."

ENTRE L’OMBRE ET LA LUMIÈRE

Pour ce prochain album qui devrait sortir en 2013, le musicien se retrouvera manifestement avec du matériel assez hétéroclite "Mon idée de concept, c’est de faire une face A plus obscure et une face B plus claire", explique-t-il.

Celui qui a chanté ses relations amoureuses en long et en large se garde désormais une petite gêne. "Les histoires d’amour, c’est un sujet inépuisable, mais à un moment donné, ça va. Là, j’ai fait mes deuils, et je sors du matériel plus positif." Ses écrits ne seront pas dénaturés pour autant. "Ce sont les comportements humains qui m’intéressent. J’ai un petit côté psy dans l’âme. On est complexes et ça me fascine. Ça va parler de sentiments, d’émotions humaines. Ça reste de la musique intime."

Les deuils, ce n’est pas seulement sur le plan personnel qu’il les a vécus, mais du côté professionnel aussi. "Il y a une dimension du métier que tu dois apprivoiser, une réalité à laquelle tu fais face. Et disons qu’il y a une petite bulle qui a éclaté."

Rien de dramatique, précise-t-il. On parle des petites embûches qui parsèment habituellement le chemin des musiciens. "L’impression qu’il faut faire du sur-mesure pour les radios commerciales, la réalité du spectacle, où il est difficile de faire assez de shows pour que le band gagne sa vie", énumère-t-il. Les aléas du métier, quoi! "Ça fait partie des choses qui peuvent péter ta bulle. On se rend compte que ce n’est pas que de la musique, mais aussi du business. Mais ça fait partie de la game et ce n’est pas ça qui va m’enlever le goût de faire ce que je veux faire. Il faut s’adapter".