Cults : Requiem pour un sourire
Le tandem indie pop Cults cache les ténèbres sous le soleil.
Avec le beau temps revient à coup sûr l’envie de faire jouer à fort volume Go Outside, le tube guilleret et printanier qui a fait connaître le jeune tandem indie pop new-yorkais Cults à peu près à la même date l’an dernier.
Premier extrait d’un album éponyme ayant étonnamment fait bonne figure, le morceau reflète bien la signature du projet, formé de la chanteuse à la voix fluette Madeline Follin et du multi-instrumentiste Brian Oblivion, également un couple dans la vraie vie: airs pop légers empruntés aux girl groups des années 60, rythmiques soul endiablées, mais aussi boîtes à rythmes, guitares abrasives et claviers froids renvoyant au grunge et au shoegaze.
Au téléphone depuis Minneapolis, Follin remet les pendules à l’heure quant à l’origine de la chanson (et de la majorité des pièces du premier album). "Musicalement, la chanson est tout ce qu’il y a de plus joyeux, mais elle raconte quelque chose de très sombre", explique-t-elle laconiquement. Selon la jeune femme, les références à l’endoctrinement religieux ne se limitent pas au nom du projet et aux échantillonnages de discours de chefs de culte qui parsèment l’opus. "Ces échantillonnages ont trouvé leur place dans notre musique dès le départ, alors que nos chansons n’étaient qu’instrumentales. Les textes que nous leur avons ajoutés vont dans le même sens." Un thème que le duo compte explorer de plus belle sur son prochain effort.
Plus jeunes, Follin et Oblivion carburaient au punk et au post-hardcore. Qu’est-ce qui les a menés vers les sonorités sixties? "Quand nous avons commencé à vivre ensemble, nous avions toutes les misères du monde à trouver un terrain d’entente sur le plan musical. Quand nous nous sommes aperçus que nous aimions tous les deux les girl groups, nous avons commencé à consommer de plus en plus de trucs comme The Shangri-Las, The Ronettes, etc."
Cults semble avoir été taillé sur mesure pour la blogosphère, mais Follin assure que c’était en toute ignorance de la pléthore de groupes donnant dans les mêmes teintes indie-rétro que le projet a été mijoté. "Au moment de composer et d’endisquer, j’étais totalement déconnectée de ce qui se passait dans la musique actuelle, je ne me préoccupais que de la musique du passé. Mais maintenant que je sais à quel point c’est dur de vivre de son art et de vivre en tournée, j’ai beaucoup de respect pour la communauté indie rock."