Record Store Day : En voie de disparition

Dans les années 80, ils étaient plus de 700 au Québec. Selon Denis Guillem, ils sont désormais moins de 60. Les disquaires indépendants sont une espèce menacée d’extinction.

"Ils ont pratiquement complètement disparu! Le Record Store Day rappelle que le disquaire est une courroie précieuse entre le créateur et l’acheteur, et permet aux vendeurs indépendants d’avoir des produits inédits", explique le propriétaire de la boutique Le Colimaçon, qui a pignon rue Notre-Dame.

D’ailleurs, plusieurs clients ont déjà passé leurs commandes, sachant que pour le vendeur indépendant, c’est l’occasion de mettre la main sur des albums en tirage limité, des rééditions ou du matériel en avant-première. "Le Record Store Day met l’accent sur le vinyle, car c’est un produit de collection. Le numérique fait bien la job pour transférer et conserver la musique, mais le vinyle reste la référence en matière de son", affirme-t-il.

Imaginé aux États-Unis en 2007, le Record Store Day, ou Disquaire Day en France, est célébré depuis 2008 chaque troisième samedi d’avril. "C’est une façon de prendre conscience qu’il y a encore des gens passionnés de musique qui offrent un service de proximité, qui se désâment et fouillent pour trouver des choses, qui ne font pas juste recevoir du stock et le mettre sur les rayons", raconte Denis Guillem, qui assure avoir écouté tout ce qui se trouve dans sa boutique. "Pour nous, c’est une des meilleures journées de l’année. C’est comme Noël!"

NOIR COMME LE VINYLE

Au quotidien, la profession de disquaire connaît toutefois des jours moins festifs. Le Colimaçon a beau fêter cette année son 30e anniversaire, Denis Guillem a déjà exercé son métier sous des cieux plus favorables. "Moi, je suis arrivé au bon moment, durant la glorieuse époque du vinyle. C’était extraordinaire car il n’y avait pas moyen d’avoir accès à la musique autrement qu’à la radio ou par le disquaire."

Heureusement, le disquaire peut compter sur une clientèle de fidèles. "Y’en a que je connais depuis 20 ans! Il y a aussi beaucoup de jeunes de moins de 30 ans qui ne veulent plus rien d’autre." Malgré tout, il n’est pas certain de trouver la relève pour assurer la pérennité de son commerce. "Le Colimaçon, c’est une institution, mais une institution qui n’est plus ce qu’elle était, même avec le retour en force du vinyle", se désole celui qui avoue travailler 60h par semaine pour un salaire qu’il ose à peine quantifier. "On a beau être passionné, y’a pas grand-monde qui ferait ça."

Ça vous attriste? Prenez donc le temps d’encourager votre disquaire local le 21 avril prochain. Pour plus d’information: www.recordstoreday.com.

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