Rufus Wainwright : Back to pop
Réalisé par Mark Ronson (Amy Winehouse, Adele), Out of the Games ramène Rufus Wainwright sur le territoire de la pop. Son disque le plus accessible depuis Poses.
Rufus Wainwright nous refait le coup. De son chapeau, l’insaisissable musicien a sorti tour à tour des concerts de Noël, un opéra et un disque solo au piano. Le revoici avec Out of the Games, un septième album aux références pop réalisé par l’Anglais Mark Ronson, à qui l’on attribue le son soul rétro du désormais classique Back to Black d’Amy Winehouse. Visiblement, peu de limites régissent la carrière du fils de Loudon Wainwright III et Kate McGarrigle.
"Non, j’ai mes limites, répond le chanteur. Même si j’ai joué dans The Aviator de Martin Scorsese, je ne suis pas un acteur. Je dirais sans doute oui si un producteur m’offrait des millions de dollars pour jouer dans son film, mais autrement, je crois vite atteindre mes limites au cinéma. Par contre, sur le plan musical, c’est vrai que je commence à manquer de genres. Je devrais penser à produire un album de rap gai. Une vraie orgie rap gai!"
En attendant de convaincre quelques rappeurs de sortir du placard, Rufus Wainwright l’avoue d’emblée, ce n’est pas Back to Black qui lui a donné envie de collaborer avec Ronson. Même que leur rencontre est due à l’attachée de presse commune des deux hommes, une certaine Barbara, à qui Rufus consacre même une chanson sur Out of the Games. L’album compte d’ailleurs plus de clins d’oeil aux années 70 (David Bowie, Elton John, Freddie Mercury, Steely Dan) qu’à la soul cuivrée de Winehouse. "Je ne voulais pas nécessairement que mon disque sonne rétro, mais dès que nous sommes arrivés en studio, Mark a bien senti l’influence des chansons en pigeant dans les sonorités des années 70, mais aussi 60, 80 et même 90. De mon côté, je respecte énormément David Bowie et Elton John, je les connais même personnellement, mais j’écoute davantage d’opéra. Alors je laissais le plein contrôle à Mark."
L’objectif était clair. Avec des compositions immédiates et plus courtes qu’à l’habitude, Rufus Wainwright souhaitait un résultat plus lumineux et commercial. "Premièrement, je voulais avoir du plaisir. Deuxièmement, j’ai besoin d’argent; quand tu passes un an de ta vie à écrire un opéra, tu perds pas mal de sous. Troisièmement, j’avais envie de renouer avec la tradition d’auteur-compositeur-interprète. À travers Adele, Lady Gaga et Arcade Fire, j’ai l’impression que la notion de "bonnes chansons pop" s’est perdue."
Entamées un mois à peine après le décès d’Amy Winehouse, les sessions studio ont mis un baume sur les plaies de Ronson, selon Rufus. "Il était dévasté, mais je crois que le fait de travailler à nouveau avec une voix distincte l’a inspiré, en plus d’accentuer l’émotion en studio. Amy était une source massive de décadence, de haine et de désespoir. Ça donne souvent des albums magnifiques, mais j’étais dans un registre d’émotions opposé avec mes chansons sur ma fille et mon amoureux. Je crois que c’était un bon exutoire pour Mark."
Rufus Wainwright
Out of the Games
(Decca/Polydor/Universal)