Z et ses disciples : Rock philo
À l’écoute de Sur les chemins du hasard de Z et ses disciples, il est clair qu’on peut philosopher et rire gras du même coup.
Avec ses longs cheveux et sa barbe bien fournie, on pourrait croire que le leader de Z et ses disciples, Steeve Z. Simard, est un gourou des temps modernes. Toutefois, les apparences sont trompeuses, car on a devant nous un prof de philo qui traîne avec lui des chansons qui portent à réfléchir tout en nous décrochant de nombreux sourires. "La plupart des tounes qui sont sur cet album-là, je les ai composées dans le temps en 2006, quand j’étais à l’université. J’avais des chums qui animaient une émission de radio qui s’appelait Chapeau micro. Je m’y étais incrusté et mon but, c’était de toujours écrire une ou deux chansons par semaine inspirées de l’actualité."
En connaissant le contexte de création des pièces qui constituent le disque Les chemins du hasard, on ne serait guère surpris de voir celles-ci dépassées par le cours du temps, mais étrangement, c’est plutôt l’effet inverse qu’on remarque. La corrosive Parti d’frustrés en fait notamment foi. "Je l’avais écrite pendant les élections où le PQ avait mangé une volée historique et alors que l’ADQ était devenue l’opposition officielle. Je trouvais qu’il y avait beaucoup de publicité négative. En plus, il y avait Radio X à Québec qui embarquait là-dedans et chaque fois que j’entendais parler de politique, c’était du monde qui dégueulait sur les autres. Ce qui est troublant, c’est que la chanson s’applique encore à la réalité d’aujourd’hui et qu’elle est même devenue plus actuelle avec le temps."
Outre les courants de société qui y sont décortiqués avec du piquant, Z se laisse aussi inspirer par les excès de la vie et en profite d’ailleurs pour nous pondre un dangereux ver d’oreille comme Le robineux robine. "J’avais été invité à une autre émission de radio qui était présentée en soirée et je relevais sérieusement d’une brosse historique. Je n’étais pas capable de rien faire et j’étais trop légume. Tout ce que j’étais en mesure de faire, c’était de plaquer un gros accord de mi à répétition, et puis la toune m’est venue en tête."
Les chemins du hasard sera bientôt disponible en téléchargement gratuit et il est aussi possible de visionner en ligne un documentaire que Z a tourné sur les lieux d’Occupy Wall Street. Difficile pour un prof de philo de résister à un tel phénomène social. "J’ai constaté que la plupart des gens prenaient conscience du fait qu’ils se font avoir par leur système électoral et qu’ils ne peuvent surtout pas bénéficier des services qui devraient aller avec la richesse du pays. Ce qui m’a frappé, c’est que les critiques les plus virulentes et souvent les plus véridiques à l’égard du capitalisme reprenaient plusieurs idées du discours de Marx, mais que dès le moment où tu leur mettais ça devant le nez, on sentait immédiatement les vestiges de la guerre froide. L’idée globale du communisme est toujours terrifiante aux États-Unis."