Chinatown : Déflagration douce
Musique

Chinatown : Déflagration douce

Le quintette montréalais Chinatown ressurgit avec un second effort aux contours plus rugueux.

"Quand on vieillit, on a le goût d’être plus proche de soi-même", observe Félix Dyotte. Assis à son pupitre de travail dans son appartement, sous l’oeil distrait de sa copine et de sa collection de guitares, le chanteur et guitariste de Chinatown tente de cerner le sens de Comment j’ai explosé, le second opus du groupe, à paraître le 1er mai.

Ainsi s’explique en partie, selon lui, la teneur plus expérimentale, moins accessible de la nouvelle livraison. Par cela, ainsi que par la nature désormais plus collective de Chinatown, un projet lancé en 2006 par Dyotte et son compère de création depuis près de 15 ans, Pierre-Alain Faucon. Dyotte crédite le bassiste Toby Cayouette pour le son plus synthés-shoegaze de l’opus, de même que pour le choix des studios Breakglass de Jace Lasek (Besnard Lakes), un élément clé de sa facture plus brumeuse et rageuse, comme lieu d’enregistrement. "Toby adore les vieux synthés analogiques. Un jour, il en a apporté un au local de pratique et on est vraiment tombés amoureux, raconte Dyotte. Quand on habite en appartement et qu’on a des voisins immédiats, c’est un instrument qui va de soi pour composer. On peut en jouer fort sans trop déranger."

Quant à l’implication de Lasek comme ingénieur de son et de l’Américain John Goodmanson (Blonde Redhead, Death Cab for Cutie, Nada Surf, Girls, etc.) au mix, Dyotte les qualifie de collaborations les plus riches auxquelles chacun des musiciens ait pris part, tous projets confondus. "On n’avait jamais travaillé avec des gens qui nous comprenaient aussi bien, résume-t-il. Cité d’or [le premier album du groupe, lancé en 2009], en comparaison, a donné lieu à des batailles pour un son le moins straight possible."

Chinatown aurait également évolué sur le plan lyrique, élément toujours aussi central de son oeuvre, que Dyotte partage moitié-moitié avec Faucon, son alter ego chansonnier. "Pierre-Alain est celui qui a le plus changé. Je crois qu’il s’est révolté contre la partie plus pop et bonbon de lui-même. Il s’est lancé dans le récit, la narration, parfois même l’absurde. Ça a donné plusieurs chansons à saveur politique."

Tout le contraire de "l’album de la maturité", donc. "On s’est simplement éloignés du thème du trouble amoureux", résume Dyotte, qui se frotte aussi au social sur le single Culpabilité (une métaphore sur l’impact des gestes humains sur l’environnement). "On a fini d’être un band en peine d’amour."

Chinatown
Comment j’ai explosé
(Tacca)
En vente le 1er mai