Qualité Motel : Une petite molle avec Qualité Motel
Les cinq garçons de Misteur Valaire deviennent Qualité Motel sur Motel Califorña, une galette surette comme une limonade et sucrée comme une crème glacée. Nous en avons justement mangé une en compagnie de Luis Clavis et Kilojules.
Devant le bar laitier où nous avons donné rendez-vous à Qualité Motel, Kilojules fait face à un dilemme existentiel: inaugurera-t-il la saison de la crème glacée en commandant une modeste "petite molle" ou cédera-t-il au goût pour le luxe qu’éveille cet été prématuré en demandant à la dame derrière la moustiquaire de tremper dans le chocolat sa collation? Chemise ouverte sur camisole, bermuda en denim, sourire enjôleur: la dégaine de beach bum du frisé est un véritable affront aux quelques cadavres de bancs de neige qui résistent tant bien que mal malgré les 25 degrés Celsius. "Ah pis oui, je vais prendre une petite molle à la vanille trempée dans le chocolat, svp!" tranche-t-il finalement. Comme le dira un peu plus tard un Luis Clavis philosophe sur ce ton faussement sérieux typiquement Misteur Valaire: "On passe l’été à tenter de retrouver le plaisir que nous a procuré la première crème glacée de la saison." Aussi bien débuter en grand!
Parions qu’ils seront nombreux cet été à filer en Harley vers la plage, le parc ou le bar laitier au son de Motel Califorña, premier album signé Qualité Motel, projet parallèle strictement électro grâce auquel les cinq membres de Misteur Valaire (salutations à DRouin, France et Roboto) provoquent depuis quelques années des chapelets de "C’est ma toune!" dans les bars que l’envergure scénographique des concerts du combo jazz-fluo ne leur permet plus de fréquenter. Derrière une table jonchée de machines, nos G.O. flattent la nostalgie précoce de la génération Y en piochant dans le top 40 des années 90 et additionnent les mashups improbables, liant le tout à l’aide d’une sauce sucrée faite de lignes de synthés cheapo sur rythmes en boîte. Une vision pince-sans-rire et référentielle de la pop maintenant déclinée sur 14 ritournelles originales.
"Qualité Motel, c’est grandement inspiré de Dance Mix ’95", confie Clavis. "Quand tu fais un DJ set dans un party, poursuit Jules, tu vas dans la pop et dans le dansant, c’est ce qui fonctionne le plus. C’est correct si c’est très fromagé par moments, ce n’est pas gênant du tout. C’est cet esprit qui a guidé la création de l’album, qu’on a enregistré dans la spontanéité, en peu de temps, sans soupeser maladivement chaque décision comme on le fait d’habitude, sans avoir peur de beurrer épais et sans avoir la pression de devoir mettre le sceau Misteur Valaire sur le produit final."
DICTATURE DU PLANCHER DE DANSE
C’est donc tyrannisés par la dictature du plancher de danse que les cinq Sherbrookois d’origine ont décidé de s’abandonner à leurs inclinations pop. "Notre rapport à la pop a beaucoup changé depuis nos débuts, remarque Jules. À l’époque de Mr. Brian [premier album de MV], on était anti-pop, mais le problème, c’est qu’on n’en écoutait pas. Aujourd’hui, sans forcément se taper le dernier Britney en boucle, on peut s’inspirer de l’efficacité d’un hit de Madonna."
Épaulé par une ribambelle d’invités de marque, dont Yann Perreau et Elisapie Isaac (lubrique En selle, Gretel), Socalled (puérile Piscine/Pool), le Pittsburghais Mrs.Paintbrush, Fanny Bloom, Karim Ouellet ou Mitsou ("Elle est venue enregistrer à la Saint-Valentin. Elle portait un chandail avec un coeur gros comme ça", se remémore Jules, encore bouleversé), Qualité Motel a assemblé une playlist de party humide, frivole et folâtre. "On ne veut pas devenir les LMFAO québécois", prévient cependant Clavis, avant de croquer dans son cornet. "On va revenir à Misteur Valaire avec une envie de faire de la musique plus réfléchie. L’album de Qualité Motel aura été une sorte d’exutoire." Une amourette d’été, quoi.
Le 26 avril à 21h
Au Petit Chicago
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