Fanny Bloom : Entendu au Boquébière
Musique

Fanny Bloom : Entendu au Boquébière

Du courage. Oui, c’est le mot. Il fallait du courage à Fanny Bloom pour s’avancer jusqu’au bord du précipice, contempler le vide et chanter "Ce que je voudrais n’existe pas" (la confession qui ouvre son premier album solo, manière de lamento tribal examinant l’asphyxiante douleur de ne pas savoir nommer le mal qui nous darde le ventre). Il fallait du courage pour ne pas appliquer un mascara trompeur à sa pop désenchantée et laisser aux orties la candeur vitaminée qui avait pourtant fait de La Patère rose la bombe colorée que l’on sait.

Il en fallait tout autant, du courage, samedi soir au Boquébière, pour avouer devant famille et amis que le succès et les premières parties de Mika, ce n’est pas tout, que la vie d’artiste est jonchée de ronces, que les garçons sont un peu-beaucoup-très durs à suivre (et elle tout autant), que rien n’est Parfait parfait (malgré le titre de la chanson). Pour dire tout ça sans craindre d’avoir l’air d’une enfant gâtée ou de doucher la fierté vibrante qui embraserait la microbrasserie dès que l’Apprentie guerrière, emmaillotée dans un tricot à l’effigie du drapeau américain, grimperait sur scène, flanquée de musiciens triés sur le volet (dont le guitariste Stéphane Leclerc, qui n’a pas lésiné en gratinant joyeusement certains de ses solos).

Les plus beaux sourires de l’éternelle gamine finirent par percer la noirceur opaque de sa récente fournée de chansons et nous rappelèrent que chagrins et deuils sont heureusement, et éternellement, solubles dans la musique. Nothing Compares 2 U, clama-t-elle en fin de programme dans une reprise de Sinéad O’Connor pas aussi ironique qu’on le soupçonnait. Non, nothing compares 2 U Fanny.