Guillaume Bouchard : La sagesse du cerbère
Musique

Guillaume Bouchard : La sagesse du cerbère

Possédant déjà un impressionnant recueil de compositions, le contrebassiste Guillaume Bouchard cultive une direction artistique bien personnelle. L’interprète est maintenant au service du compositeur.

La musique est une affaire de famille pour Guillaume Bouchard, et il serait difficile de cerner le moment exact où cette passion a pris naissance. Son frère, Bruno Bouchard, travaille au sein de L’Orchestre d’hommes-orchestres, et sa conjointe est elle aussi musicienne. Décidément, il ne reste que les enfants à inclure dans ce cercle musical dynamique. "Il m’arrive aussi de jouer avec ma blonde dans les projets de mes parents, et j’ai bien sûr déjà travaillé avec L’Orchestre d’hommes-orchestres, indique le contrebassiste jazz. Ça m’arrive quelquefois de sortir de mon créneau habituel. Mais à travers tout ça, je me consacre essentiellement à ma carrière de jazzman."

Ce dauphin du contrebassiste Michel Donato, avec qui il a étudié et travaillé, n’a pas mis de temps à se faire remarquer sur la scène jazz après la sortie de son premier essai discographique, Chemins. L’interprète peaufinait alors ses compositions, et son talent s’est confirmé avec la suite, Bleu et blanc, en 2011. Deux productions réalisées en compagnie de son quartette, complété par le saxophoniste Michel Côté, le guitariste André Lachance et François Côté à la batterie, trois musiciens émérites. "Il y a deux choses avec lesquelles je compose: l’expérience que ces musiciens ont cultivée au fil des années et l’expérience du quartette qui a pris forme. Ma méthode est simple: je leur présente des compositions simplement vêtues et ils les habillent à leur façon. Je me retrouve au gouvernail [à la contrebasse], je gère l’accompagnement et d’autres sont responsables de mes mélodies. C’est un équilibre que j’aime bien. Ce groupe a une très belle maturité."

À partir d’un répertoire imagé (il signe d’ailleurs les illustrations qui figurent sur les pochettes) qui n’emprunte pas une trajectoire contemporaine, la musicalité de l’ensemble nous montre que le contrebassiste aime cultiver ses standards. Même si la polyvalence de cet interprète est indéniable, la direction artistique profite de structures simples et la forme blues, elle, n’est jamais trop loin. "L’improvisation est importante et j’aime composer avec des sonorités qui ont fait leurs preuves, explique-t-il. Il y a un certain classicisme dans mon travail. L’interprétation, c’est aussi en faire plus à partir de moins. Mais on demeure au service de la musique, non du tape-à-l’oeil."