AIDS Wolf : Entendu au Sporobole
Musique

AIDS Wolf : Entendu au Sporobole

La fin d’AIDS Wolf est symptomatique des difficultés inhérentes à la scène musicale non commerciale, dont les groupes peinent à atteindre un certain équilibre, voire une pérennité.

Cette formation noise-rock fut innovante, prolifique, respectée de ses pairs et d’un important bassin de fans réparti sur le globe, mais pour le trio montréalais, il était devenu trop compliqué de poursuivre la route. Le 11 mai à Toronto, il tirera sa révérence avec un ultime concert.

La chanteuse Chloe Lum justifie le harakiri par une vie de tournée qui coûte désormais trop cher (au-delà de l’essence pour une van qui déborde d’instruments, le visa pour se produire de l’autre côté de la frontière aurait triplé de prix depuis la fondation du groupe en 2003). Et il y a sa pratique artistique qui lui demande du temps, et qu’elle compte désormais privilégier.

Mais c’est en tant que membre d’AIDS Wolf (avec Yannick Desranleau et Alexander Moskos) qu’elle se produisait vendredi dernier au Centre en art actuel Sporobole. Toutefois, il ne s’agissait pas d’un concert ordinaire.

En fait, le groupe effectuait sa performance dans le local d’un bâtiment adjacent; de la fenêtre de Sporobole, on pouvait apercevoir les musiciens et un fatras d’équipements. En galerie, une version miniature dudit bâtiment occupait l’espace. Une petite fumée s’échappait de la toiture…

Comme on le sait, il n’y a pas de fumée sans feu. Or, le brasier était sonore. Un "Si tu mets ta tête dans la cabane, tu vas saigner des oreilles" me fut servi en guise d’avertissement. Une multitude d’amplis entassés dans la construction retransmettait toute l’intensité sonore de l’échange musical.

Mais après quelques pièces, la performance prenait des allures de "fausse bonne idée". Écouter AIDS Wolf (même si le son provient d’une réplique faite à l’échelle), ce n’est pas comme voir (et ressentir) AIDS Wolf lors d’un véritable concert. La charge ne se comparait pas.

Et de l’autre côté de la vitre, le trio avait plutôt l’air de s’offrir une luxueuse répétition pour Toronto que de jouer pour les Sherbrookois…