Eli et Papillon : Les ailes déployées
Eli et Papillon ont marié la poésie à la musique en créant une succession de miniatures expressionnistes. Ce premier effort annonce un avenir prometteur.
Voilà un jeune duo qui devrait faire jaser dans les prochaines années. Eli et Papillon font leur apparition dans le décor musical québécois avec leur poésie et leur musique acoustique luxuriante. Chacun des membres est aux rênes d’une facette de la création: Élise Larouche à la plume et au chant, Marc Papillon-Ferland à la musique, véritable homme-orchestre dont la formation classique et jazz n’est pas étrangère à leur vision musicale élaborée.
"Je me suis retrouvé à la basse, au piano, au violon, à la guitare et j’ai écrit les arrangements pour cordes [pour le quatuor Mommies on the Run qu’on retrouve sur le disque], explique-t-il à propos du travail accompli en studio. Je voulais qu’on puisse faire un album bien rempli sur le plan des instrumentations. C’est à notre image et c’est le son qu’on a créé."
C’est grâce à deux amis communs qu’Élise est entrée en contact avec ce futur collègue en 2008, alors qu’elle était sur le point d’enregistrer son premier démo. "Je ne voulais pas me retrouver seule à la guitare en studio, je me trouvais trop nulle! se rappelle Élise. Et on me parlait de Marc, on me disait à quel point il était un excellent guitariste et musicien. Il y avait une belle symbiose quand on s’est rencontrés, et on s’est lancés."
Tout est à point sur ce premier essai discographique homonyme aux teintes parfois classiques. Le tout a été endossé par l’étiquette de disques Maisonnette, dont le fondateur, Denis Wolff, est devenu un allié incontournable pour accompagner cette direction artistique qui détonne parmi les productions spontanées au caractère folk qui pullulent ces temps-ci. "J’ai l’impression que c’est rare aujourd’hui d’avoir à ses côtés un partenaire comme Denis pour épauler un projet musical comme le nôtre. C’était une oreille attentive, il a toujours été là pour nous conseiller", souligne Élise avec admiration.
L’interprète, elle, endosse sa plume mélancolique sans prétention, ses textes se laissant bercer avec justesse par une trame sonore éloquente et raffinée. Que ce soit avec Coffre-fort, qui superpose couche après couche les lignes de violons à l’accompagnement au piano, ou encore Courage, dont l’ampleur du geste pianistique domine une cellule rythmique qui sera ponctuée par les cordes, on remarque que le concept sonore est peaufiné avec soin.
"C’est rare que je vais proposer à Élise une musique complète, écrite de bout en bout, indique Papillon. Je vais plutôt proposer une simple mélodie, une série d’accords, et je vais jouer ça en boucle. Par la suite, le tout s’élabore en sa compagnie. Elle sera à côté de moi avec son ordinateur pour écrire les paroles. Le tout se construit en tandem, refrain par refrain, couplet par couplet. C’est important que la musique colle bien à ses mots."
"Il y a des teintes féériques dans mes textes, c’est rêveur, avec une touche de naïveté aussi, ajoute Éli. J’ai une voix délicate, je ne serai jamais Céline Dion! Le texte est important et Marc l’habille avec soin. Il a son côté intellectuel en ce qui concerne la musique, et ma personnalité vole autour de ça, comme un papillon!"