Radio Radio : Bâti pour veiller tard
Musique

Radio Radio : Bâti pour veiller tard

Radio Radio part en orbite mais arrive à bon port avec Havre de  grâce.

En général, quand une recette fonctionne, on ne la change pas. C’est particulièrement le cas dans le petit monde de la musique, qui tire le diable par la queue depuis quelques années. Donc quand un groupe a du succès, on s’attend à ce qu’il répète un peu la même recette d’un disque à l’autre. Mais Radio Radio ne fait pas ça. Après avoir connu un heureux résultat avec ses deux premiers albums – Cliché Hot (2008) et Belmundo Regal (2010) -, récolté éloges et hommages auprès des médias et du public, vu quelques-unes de ses chansons se retrouver sur les palmarès et dans des publicités, le trio hip-hop acadien débarque avec un ovni nommé Havre de grâce.

On reconnaît le flow typique et l’accent imparable du trio, mais le troisième album de la formation nous amène dans une autre dimension, peut-être plus cosmique, tribale, psychédélique même. Havre de grâce est un disque qui risque de déstabiliser certains fans. C’est un album audacieux, quelquefois expérimental, où Radio Radio se met délibérément en péril et sort d’une certaine zone de confort. "Havrer, chez nous, ça veut dire "arriver quelque part sans problème"", précise Jacques Alphonse Doucet, rencontré avec ses deux complices Gabriel Louis Bernard Malenfant et Arthur Comeau dans un chic salon de thé du Vieux-Montréal. Le groupe, toujours tiré à quatre épingles, avait reçu la veille les journalistes dans un greasy spoon du centre-ville pour la ronde d’entrevues entourant la sortie de l’album. "Ça définit l’ensemble du disque. On part dans un trip un peu fucké des fois, mais on arrive ultimement à bon port. Mais c’est pas juste osé comme disque, on a encore des morceaux plus pop comme Galope ou Gong Hotel. En fait, Havre de grâce ouvre la porte au prochain album."

"Hier, on était dans un diner à manger de la soupe au Cheez Whiz et aujourd’hui, on se purifie avec du thé. C’est emblématique de la philosophie de l’album", rajoute Arthur Comeau. "On y va à l’instinct. Pop, hip-hop… on ne veut pas être catégorisés. Et puis pour ce disque, ça adonne qu’on a rencontré plusieurs musiciens qui sont venus ajouter une autre flavour à l’album", renchérit Gabriel Louis Bernard Malenfant. "Sur Havre de grâce, on assume un peu plus nos origines (Y’en a qui connaît). Car avant, on n’osait pas ajouter des instruments ou des éléments de musique acadienne ou cajun. On avait une sorte de crise identitaire et là je crois qu’on a fait la paix avec ça."

Havre de grâce, ébauché entre la Nouvelle-Écosse dans un chalet où le groupe s’était déjà réuni pour travailler, une petite maison en Louisiane et des studios montréalais, débute avec Sunrise/All Inclusive War Tour, une longue pièce un peu étrange qui d’emblée donne le ton. "On tenait à montrer dès le départ qu’on n’est plus dans Belmundo Regal", souligne Jacques. "On n’a rien calculé pour ce disque. On ne s’est pas dit qu’on allait répéter un autre Jacuzzi ou Dekshoo. On y est allés avec l’inspiration du moment", rajoute Gabriel. "Ce disque, c’est une sorte d’hommage à la radio. Pas aux radios qui font jouer toujours la même chose, mais aux radios communautaires qui ont une programmation complètement éclatée et variée et qui aussi font des erreurs techniques", insiste à son tour Arthur. "Nous on a gardé les erreurs techniques dans nos enregistrements. On a refusé de jouer ça safe."

Le 12 mai
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